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mercredi 19 août 2015

Le prix d'un dialogue sincère



A propos de cinq croyances qui empêchent le dialogue :


1. Le « discours objectif » : se croire au-dessus de la mêlée

Présenter son point de vue comme celui qui est « objectif » relève de la falsification. Cela sous-entend qu’il existerait une seule explication estimable (la mienne, par le plus heureux des hasards …), les autres ne pouvant être qu’entachées de parti-pris et d’idéologie.

Personne ne peut sortir de sa propre appréhension du monde. Il ne s’agit pas de céder au relativisme, car nos visions peuvent être confrontées à l’expérience, afin de découvrir comment elles y résistent. Mais elles n’en restent pas moins subjectives, même trempées à cette épreuve. L’on n’atteint pas l’objectivité, l’on classe les subjectivités par degrés de vraisemblance.

Personne n’est « au-dessus de la mêlée » et celui qui pense l’être ne fait que confirmer sa mégalomanie, non sa prise de recul.


La condition humaine est de se jeter dans la mêlée, d’avancer ses arguments que l’on sait partiaux et imparfaits, et d’avoir le courage de les passer au feu de l’expérience. C’est ce travail que celui qui se veut « objectif » refuse de faire, par paresse, par peur de se remettre en question, par volonté d’être intouchable, par le sentiment mégalomaniaque de dire aux autres la leçon.

Personne ne peut s’arroger une position privilégiée dans une discussion. Le seuls avantages doivent se gagner par la pertinence des arguments, aucunement parce que certains arguments seraient investis d’une nature différente de ceux des autres.

Celui qui se prétend objectif se dit honnête. Il n’aime pas l’honnêteté, mais l’image que son ego aime à donner de lui, en le parant de cet attribut.


 2.  « Regarder les faits » : croire que l’on se limite à l’observation

Lorsque l’on défend une thèse, les faits dont celle-ci rend compte font aussi partie de la thèse. On ne peut donc juger d’une théorie selon une simple « vérification par les faits », car ceux-ci font aussi l’objet d’un a priori.

On juge d’une théorie par la quantité de faits observables dont elle rend compte. Notre thèse est un récit qui rencontre des faits saillants sur son passage, et il nous est alors loisible de comparer les faits du récit avec les faits correspondants du réel. Une telle compréhension ne peut se faire en dehors du récit, qui est notre interprétation proposée du phénomène que l’on étudie.

Celui qui nous admoneste par les phrases : « ramenez-vous aux faits », « regardez les faits », se pense capable de regarder des faits « neutres » en s’extrayant de son propre récit.

Comme pour l’objectivité, la condition humaine est de relater des faits seulement au sein d’un récit qui les coordonne. Penser s’extraire de cette condition est encore une fois une manifestation d’ego et de vanité, non d’honnêteté et de neutralité. Nous sommes plongés dans le bain de nos propres représentations, comme le sont tous les hommes, et prétendre y échapper est prétendre au « point de vue divin ».

Nous devons admettre que notre confrontation aux faits ne se déroulera qu’à partir d’un récit personnel qui n’a rien de neutre. Si ce récit rend compte de nombreux faits observés, et s’il parvient à maintenir en cohérence le plus grand nombre de faits qui lui sont opposés, de son récit ou d’autres récits, il possédera une grande valeur d’explication. Nous sommes tous logés à la même enseigne, aucune « vérification par les faits » ne possède un statut supérieur à celle des autres.

Tout comme dans le domaine militaire, la « neutralité » n’est pas marque de sagesse mais de fuite face à la responsabilité qui nous incombe de reconnaître notre subjectivité, et de la mettre au défi. L’on ne peut pas plus convoquer un morceau du réel à notre service, que l’on ne peut lire dans celui-ci à livre ouvert : telles sont les erreurs de l’accaparation des « simples faits » et de l’accaparation du « point de vue objectif ».


3. Penser qu’il y a des sujets du bien et du mal, au lieu de les mettre en tension dialectique

Un concept ne naît pas d’une thématique que l’on brandit comme une incantation, mais du dilemme de devoir choisir entre deux thématiques opposées, toutes deux également nécessaires.

C’est un grand travers de prétendus « philosophes » modernes que d’investir une thématique de la force du bien et son opposé de la force du mal, puis de scander ceci ad infinitum. Ce faisant, ils ne savent pas extraire un seul concept, et compromettent toute réflexion.

Ainsi pendant nos années modernes, nous a-t-on seriné que la liberté était le bien et l’autorité le mal, que l’absence de tout attachement à sa nation était le bien et le patriotisme était le mal, que toujours plus de dérégulation et toujours moins d’état était le bien et que l’intervention de la puissance publique était le mal, que la compréhension à l’égard des délinquants et criminels était le bien, et que la rigueur punitive était le mal.

Il n’est pas plus intelligent « d’inverser les polarités », c’est-à-dire de reprendre les phrases précédentes en échangeant ce qui est bien et ce qui est mal. A d’autres époques, le discours inverse pouvait avoir cours.

Les concepts intéressants n’apparaissent que lorsque l’on se rend compte que chacune des deux notions porte un rôle indispensable, et que choisir unilatéralement l’une ou l’autre est un dilemme insoluble : la véritable réflexion commence par une gêne et une aporie.

 Ainsi nos « philosophes » s’aperçoivent-ils trop tard que la liberté du renard dans le poulailler n’est pas celle qu’ils recherchaient, et font la découverte du concept de liberté éthique, résultant de la tension entre autorité et liberté.

De même s’aperçoivent-ils bien tard que les symboles de leur pays, surtout les plus sentimentaux, sur lesquels ils n’ont eu de cesse de cracher et de déverser leurs moqueries étaient le sentier par lequel le pays dans lequel ils vivaient a su accéder à des notions universelles, indispensables à sa préservation et à la justice.

Ils découvrent que ces notions sont tout à la fois universelles et partie intégrante de l’histoire et de l’héritage propre de leur pays, lorsque des circonstances dramatiques nécessitent d’en défendre la valeur.

Ils n’ont pas jeté un seul regard à la phrase de Jaurès : « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène ». Elle était probablement hors de leur portée intellectuelle, Jaurès s’étant engagé – en vrai philosophe - dans la tension entre des notions apparemment contradictoires, en réalité conditions l’une de l’autre.

Il en est de l’histoire d’un pays comme de l’histoire d’un homme. Dissocier artificiellement sa raison et ses sentiments, sa pensée et ses émotions, n’a pas de sens. Il s’agit d’ailleurs encore de l’un de ces couples opposés en apparence, en réalité ne cessant de s’appuyer l’un sur l’autre : l’entrelacement de la raison et des émotions – a contrario de la vision cartésienne – a été bien exposée par ce grand biologiste qu’est Antonio R Damasio.

Les concepts les plus élevés auxquels un homme a abouti, comme ceux d’une nation, l’ont été à travers une construction historique personnelle. Sectionner ces concepts de leur mémoire historique les fait flétrir, comme une plante dont les racines ont été coupées. Toutes les nations finissent par retrouver des valeurs universelles à l’humanité. Mais chacune le fait à sa façon. Celui qui a été élevé au sein de l’une de ces cultures a besoin de garder en mémoire le cheminement de son enfance qui lui a fait comprendre, par des exemples, pourquoi ces notions sont importantes. Le concept ne prend son sens que lorsqu’on comprend comment il s’applique pratiquement à des situations historiques, il en est ainsi des droits de l’homme, de l’égalité devant la loi, de la liberté de conscience, etc : il faut les comprendre à la fois dans l’abstrait et dans le concret de situations de notre mémoire historique, pour pleinement les comprendre.

Lorsque l’on ne parvient pas à penser l’équilibre entre deux thématiques opposées mais complémentaires, l’on ne navigue plus que dans un marigot d’associations d’idées en lieu et place de réflexion, assorties d’une séparation simpliste entre le bien et le mal.

Les maux de l’humanité proviennent surtout de ces dichotomies triviales, qui obtiennent l’inverse exact de ce qu’elles prônaient, tels le régime soviétique, le néo-libéralisme, ou l’angélisme juridique, qui nous ont apporté respectivement un asservissement des peuples au lieu de leur libération, un règne de faussaires et d’imposteurs plus au moins mafieux au lieu de l’atteinte de l’excellence, un état de haine et de quasi guerre civile du fait de « tribus » ayant oublié toute notion de devoir au lieu de l’intégration à la société française.

Qui joue aux apprentis sorciers avec des thèmes qu’il faudrait équilibrer, en sacralisant l’un et abaissant l’autre, reçoit le prix de son inconséquence en boomerang. De la boursouflure de son ego également, car il s’agit bien de cela : qui peut résister à l’envie simpliste - une fois de plus - de dire le point de vue divin, et de parader dans le camp du bien ? Nous vivons ainsi depuis quelques décennies dans une misère de la pensée, étouffée derrière le « show » de ces exhibitionnistes.


4. Les arguments d’autorité : se croire détenteur de la Raison ou de l’Histoire

Il n’y a pas d’attitude plus arbitraire et irrationnelle que de se croire détenteur de la raison, ni de comportement plus contraire à la déontologie historique que de se penser porté par l’histoire.

Un faible d’esprit, un inconséquent ou un superstitieux sont plus rationnels que celui qui pense détenir la raison pour lui tout seul. Car même sous une forme faussée, ils appliquent encore une rationalité limitée à l’étroitesse de leurs croyances et après tout, ce n’est qu’une question de degré qui les sépare de l’esprit fort.

Celui qui se pense détenteur de la raison a cessé d’accepter la contradiction : il le fera encore en apparence, mais avec une nuance de mépris et de dédain montrant qu’il considère par avance avoir le point de vue supérieur, et que s’il nous parle, c’est par indulgence et commisération, pour nous éduquer.

Même dans le cas où la détention d’un diplôme ou d’une expérience conférerait une supériorité de fait à son bénéficiaire, celui-ci doit à chaque fois la redémontrer en en faisant usage dans ses arguments, non en s’en prévalant en tant que telle : s’il possède la supériorité à laquelle il prétend, elle s’imposera naturellement dans la force de ses arguments, et s’il ressent le besoin de l’invoquer explicitement, cela trahit le fait qu’elle n’est peut-être pas si forte.

Une compétence supérieure se vit et s’impose par sa mise en action, sans qu’il y ait besoin de s’en prévaloir, tout comme celui qui sait jouer aux échecs sait rapidement quelle est la force de son adversaire, sans que celui-ci ait besoin de le lui dire : ses coups parlent d’eux-mêmes. Si quelqu’un tient à se placer explicitement en position de supériorité par un argument d’autorité, pourquoi commence-t-il seulement la discussion ? S’il considère que celle-ci est déjà conclue et close en sa faveur, la seule raison restante sera de flatter son ego.

Cette « hauteur » n’est pas celle des aigles, mais celle des précieux ridicules. Celui qui se pense fort mais tombe dès le départ dans des pièges aussi élémentaires de son ego ne voit pas son propre abaissement.

Il n’y a pas de « cercles de la raison », pas plus que de « missionnaires du sens de l’histoire » ou de hérauts de sa finalité. Nous sommes, là encore, à la même enseigne que tous nos frères humains. Tous, forts comme faibles, doivent chaque fois et à nouveau franchir les seizième, huitième, quart et demi-finales des épreuves du débat, afin de prouver la valeur à laquelle il prétendent, dont nulle autorité ne les dispense.


5. Les arguments d’autorité sympathique : se croire détenteur du bien et de la bonne attitude, ouverte aux autres
  
Il s’agit d’une variante de l’argument d’autorité intellectuelle : l’on ne se place plus sur une compétence ou une expertise qui serait supposée clore le débat avant même qu’il ne soit commencé, mais sur une supposée supériorité morale ou supériorité d’attitude. C’est la variante sentimentale et émotionnelle de l’argument d’autorité.

Ceux qui l’emploient ne semblent pas s’apercevoir de l’auto-contradiction et de l’auto-destruction de cette façon de faire.
  
Démarrer une discussion avec comme préambule que l’on représente l’ouverture et la tolérance, tandis que son contradicteur est considéré comme le représentant de la fermeture et du repli est la forme la plus achevée du sectarisme.

Le fat souriant et auto-satisfait se révèle bien plus sectaire que celui-qui clame les limites de sa tolérance et de son ouverture en se fermant sur certains sujets.

« Ce que l’on ne peut pas dire, il faut le taire », disait Wittgenstein. Ainsi la prétention à une position privilégiée sur la raison ou sur l’ouverture nous disqualifie quant à ces deux qualités, dès lors que l’on énonce ce statut prétendument supérieur.

Il faut risquer de se jeter dans la vague des arguments contradictoires avec nos infortunés frères humains pour montrer sincèrement si nous étions fondés ou non à le faire.

En définitive, les cinq croyances qui empêchent le dialogue sont toutes des façons de considérer que l’on se place du « point de vue de Dieu », que l’on n’accepte pas sa condition humaine d’être le porteur d’un argument parmi les autres, que si l’on peut revendiquer une supériorité, c’est dans la confrontation qu’elle se révélera, non dans ce dédain hautain qui ne cache que la fuite.


Sur quelques adeptes zélés des 5 croyances

Notre époque post-moderne abonde de divers groupes qui pratiquent les 5 croyances, signe des temps où les sophistes se multiplient. Si la rhétorique des soviets en a été le meilleur canevas historique, d’autres sont venus en reprendre la « brillante » continuation :

-   Les néo-libéraux, particulièrement lorsqu’ils sont venus appuyer l’actuelle union européenne. Il a été montré maintes fois dans mes articles précédents que le néo-libéralisme constitue une usurpation complète du libéralisme historique. 

-   Les néo-conservateurs américains, également en usurpation de la tradition du conservatisme véritable.

-   Les « nouveaux philosophes », qui ont massivement abusé de la troisième croyance, celle de repérer les thèmes appartenant au camp du bien et ceux appartenant au camp du mal, empêchant toute réflexion dialectique entre de riches oppositions. Ainsi ont-ils sapé toute forme d’attachement à la France comme arriérée voire raciste, la thématique du patriotisme ayant été définitivement rangée dans le « camp du mal », ce qui était d’ailleurs un cas d’espèce unique à la France. Toute réflexion sur la tension nécessaire entre identité et ouverture fut ainsi frappée d’anathème pendant de nombreuses années. 

Au-delà de cette mise au ban, le premier résultat fut de livrer ces thèmes importants aux seuls extrémismes qui s’en trouvèrent les représentants exclusifs. Nos « nouveaux philosophes » se demandèrent alors avec surprise pour quelle raison les extrémismes montaient, … et ne trouvèrent comme seul remède qu’un renforcement des imprécations, ne faisant qu’accroître encore un peu plus l’emprise des extrêmes. Le sage Raymond Aron ne vécut pas assez longtemps pour leur administrer la correction qu’ils méritaient, il n’eut le temps de le faire qu’au tout début de leur triste exercice, en montrant leur absence totale de déontologie historique.

Pour eux peu importe, ils peuvent tout aussi bien se draper dans le patriotisme et la république un peu plus tard, ce qu’ils n’ont pas manqué de faire lorsqu’ils se sont aperçus que ces thèmes constituaient un nouveau « créneau » porteur. Nos modernes Protagoras n’ont jamais craint de multiplier les reniements et les retournements de veste, si cela correspondait à l’opportunité du moment. Ils changent de thématiques favorites, et préservent ainsi l’essentiel à leurs yeux : casser toute possibilité de débattre sur des dilemmes de société fondateurs, afin de demeurer le seul à inculquer le bien et le mal et à être en droit de discourir.

-   Les post soixante-huitards de tout acabit, qu’ils se soient convertis au néo-libéralisme en ayant repéré que celui-ci constituait un excellent débouché à leur grande maîtrise du terrorisme intellectuel, ou qu’ils en soient restés à la bonne vieille rhétorique marxiste du Dr Lyssenko : remarquable économie de moyens, car les procédés n’ont pas changé : les marxistes les plus sectaires et les plus incendiaires ont fourni au néo-libéralisme nombre de ses dirigeants actuels, ce qui n’est en rien un hasard.

Pourquoi chargeons-nous ces groupes d’influence ? Pour chacun d’eux, demandons-nous s’ils n’ont pas eu la prétention à représenter le point de vue « objectif » contre les idéologies, la prise en compte des « faits » par eux seuls, comme s’ils possédaient un pouvoir surhumain de lecture neutre des événements, la catégorisation des dilemmes de sociétés en thématiques binaires du bien et du mal, les cercles de la raison et les fers de lance de l’histoire, enfin les représentants exclusifs de l’ouverture aux autres, ce dont la seule formulation prête en soi à rire. 

L'on notera enfin que de tels groupes sont totalement indépendants des clivages politiques traditionnels : la recette du sectarisme souriant peut s'appliquer aussi bien à gauche qu'à droite.


Frères humains ...

Peut-être est-ce un signe des temps : les cités grecques commencèrent à décliner en même temps que la capacité à raisonner se perdait, au profit des effets d’opportunité : il ne s’agissait plus de rentrer dans la dialectique, mais de se positionner sur les thèmes permettant d’être du « bon côté du manche ». Ce remplacement du raisonnement par des associations d’idées dont le seul but était de se donner le beau rôle fut le début de la fin. Espérons qu’il ne soit pas trop tard pour retrouver les chemins de la dialectique, et savoir encore présenter des sujets de société importants comme la tension contradictoire de plusieurs voix également estimables : en avons-nous encore la force et l’honnêteté ?

La force et le courage véritables résident dans l’acceptation de n’être qu’un parmi les autres, de ne chercher à se distinguer que par une force du discours qui demeure cependant dans notre condition humaine. C’est un paradoxe qui n’est qu’apparent que ceux qui sont imbus de leur supériorité deviennent interchangeables et indistincts - car il y en a tant - tandis que celui qui cherche l’anonymat et ne tient pas à forcer sa supériorité sur les autres devient pour cela un homme d’exception.

« Frères humains qui après nous vivez, … » : le poème de François Villon, dans sa beauté noire, nous montre l’exemple. Même dans l’apparente opulence, vivre bien c’est demeurer conscient que nous ne cheminons qu’avec des compagnons d’infortune, au milieu de nos frères humains. Nous marchons tous sur le chemin de la Ballade des pendus, et qui croit avoir une position privilégiée lorsqu’il explore le monde, qui pense ne pas connaître le lot de ses frères humains, ne se signale que par un ridicule pathétique.

Notre civilisation se pense forte, elle a pourtant usé et abusé de cette drogue qui aiguise les appétits personnels et les ego. Le poème du grand Villon est bien un exemple de ces tensions paradoxales que nous aimons : il faut être français, ou connaître intimement la culture française pour comprendre Villon, pourtant quelle grande fraternité universelle que celle chantée par la Ballade des pendus : elle n’est pas seulement le récit de condamnés, mais une image de notre condition humaine, pour l’ensemble de la vie.

Notre civilisation mérite-t-elle de perdurer, ou doit elle passer la main à d’autres plus dignes, tant elle a trahi ses anciennes valeurs et perdu ses anciennes lumières se restreignant à la seule étroitesse de l’avidité ? Appelons-en à l’ancien salut du poète : « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! »

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