Les pays de « l’Asie de l’Est », Chine,
Corée, Japon, Mongolie, Taïwan, Viêt Nam et Singapour, occupent encore assez
peu le devant de la scène médiatique, toute concentrée sur nos propres crises
ou sur l’affrontement très voyant entre nous et l’islamisme.
Comme toujours, ce sont les changements discrets qui
peuvent se révéler décisifs, loin du retentissement bruyant des premières
pages. Beaucoup voient dans l’Asie de l’Est une force émergente mais confuse,
faisant peu parler d’elle, ayant sans conteste une grande influence, mais vouée
éternellement aux seconds rôles.
La majorité qui reste dans ce sentiment ne perçoit pas
les changements de fond qui sont en cours. L’objet de ce texte est de montrer
que contrairement aux impressions confuses et lointaines, des signes clairs
annoncent que c’est l’Asie de l’Est qui tiendra les commandes du monde civilisé
dans les décennies qui viennent. J’ajoute que je n’y vois nullement une menace,
mais que cela ne serait en sorte que justice si le monde occidental poursuit la
déliquescence qui est la sienne.
Pendant que nous nous perdons dans les affrontements les
plus voyants et les plus bruyants, des forces discrètes travaillent et
progressent. L’erreur serait de croire que dans l’affrontement actuel entre
l’occident et l’islamisme, c’est l’un des deux protagonistes qui l’emportera.
L’issue la plus probable est que c’est la troisième force de l’Asie de l’Est
qui s’imposera, laissant les deux destructeurs s’entre-déchirer jusqu’à perdre
l’essentiel de leurs forces.
Ceci n’a rien d’étonnant. Ne sachant précisément plus
faire la différence entre la destruction et le combat, n’étant pas du tout
assez fermes sur ce qui mériterait de l’être et tyrannique contre ceux qui
devraient avoir la parole, nous employons la plus mauvaise stratégie qui soit
contre l’islamisme. A contrario, ceux qui se sont construits patiemment et
savent se défendre implacablement lorsqu’il le faut, ont toutes les chances
d’émerger au milieu des décombres, pour être la force vive de demain.