Année 2153. Hector parcourt d’un pas rapide les allées de l’université du
savoir par la mémoire, dont il est étudiant en deuxième année. Il est 19h, il
se réjouit d’avoir pour professeur M. Augustin, qui accepte de peaufiner avec
lui son enseignement à une heure aussi tardive, en dehors des cours. Cela fait
déjà trois mois que M. Augustin a accepté ces rencontres, qui tiennent
davantage de la conversation et de l’échange d’idées que du cours magistral.
L’amour de la connaissance pour la connaissance est une valeur bien ancrée dans
la société dans laquelle vit Hector. Et M. Augustin tient à lui montrer par
l’exemple qu’il en transmet fidèlement le flambeau.
« Et bien Hector, de quelle période allons-nous parler ce soir ?
Antiquité, moyen-âge, siècle classique ? Ou préfères-tu que l’on
s’entretienne d’histoire contemporaine ? »
« Justement M. Augustin, il y a une période plus récente à laquelle je
me suis intéressé. J’ai beaucoup de mal à la comprendre, elle nous apparaît
comme très trouble, mais elle me captive pour une raison que j’ignore. C’est celle
qui s’étend des années 1970 jusqu’à 2050. »
« Oh, la période que l’on appelle maintenant « la fausse
civilisation » ou « l’âge des valeurs hypocrites » ?
Tu n’as rien de plus réjouissant ? C’est un peu comme si tu me demandais
des détails sur la décadence grecque ou romaine. Il faut étudier ces périodes
bien entendu, et comprendre ce qui s’y est déroulé. Mais de là à s’y attarder
… C’est une période assez oubliée maintenant, sombre, glauque, une lente
déliquescence…»