Le mouvement « nuit debout » avait suscité un espoir initial.
Certains - dont des amis et auteurs proches – y voyaient une version
politiquement à gauche des « veilleurs ». L’analogie était tentante,
à qui cherche un peu de lumière dans ce monde qui en manque tant.
On pouvait voir dans les deux mouvements un rapprochement de ceux qui
refusent la marchandisation généralisée de l’humain, la réduction de la
conscience à l’intérêt égoïste, la déliquescence et la perte de sens d’un monde
qui n’est même plus soumis à la loi du plus fort mais du plus arnaqueur et du
plus tordu.
L’appel à toutes les bonnes volontés, par-delà les clivages politiques, est
un espoir dans lequel tout le monde veut croire. Les jeunes de « nuit
debout » semblaient lancer cet appel à ceux des « veilleurs », à
travers le témoignage de la flamme restée allumée dans la nuit.
Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien. « Nuit debout » est
un mouvement qui n’a pas eu le premier courage de la liberté : celui de
s’engager sur une thèse qui prend le risque d’affronter la discussion critique,
ni de mener des actions constructives ayant la valeur de l’exemple.
Au lieu de cela, il s’est vautré au mieux dans une foire aux états d’âme de
post-adolescents, au pire dans des actions violentes de casseurs et de
démagogues. Il nous a donné le spectacle supplémentaire de la régression
infantile de la gauche radicale, et incarne à merveille l’une des facettes de
la déliquescence du monde néo-libéral dont il prétend être l’adversaire.
Sa phase terminale est confirmée, car nous entendons déjà glapir les
obscènes récupérateurs - terroristes directs et indirects - qui se repaissent
de ce genre de mouvement, accompagnés de leur habituel carnaval de fausses
causes et de justiciers de pacotille.