DSK est devenu le symbole de la dépravation de nos élites. Un peu facile
cependant. On a fait de lui une espèce de bête du Gévaudan, c’est pourquoi sa
traque ressemble à celle que mènent des villageois armés de fourches et de flambeaux allant
mettre la bête à mort pour expurger leurs propres turpitudes. J’ai toujours été
mal à l’aise avec ce type de chasse à l’homme, où l’imagerie du mal est
beaucoup trop marquée pour être vraie.
Les véritables monstres prennent surtout la peine de ne pas en avoir l’apparence.
Ils se font une profession de rajouter l’hypocrisie à l’ignominie. Ils sont
assez habiles pour préserver toutes les formes légales et maîtrisent très bien
toutes celles de la politesse feutrée. Le diable, c’est bien connu, s’habille
en Prada, en Hugo Boss et en Ralph Lauren.
Les élites dépravées n’ont pas l’air d’un ogre atteint de priapisme aigu.
Elle se donnent un air respectable, policé et raisonnable. Ce sont celles qui
nous convainquent que leurs cumuls, leurs titres votés légalement mais de façon
inique, leurs cooptations, sont choses naturelles, rationnelles et bonnes pour
la collectivité.
Le diable n’est pas un monstre velu et dévoreur. C’est celui qui, sous un
air policé et respectable, vous susurre qu’il n’y a pas d’alternative ni de
débat, et qu’il faut vous ranger aux voies de la raison, qui comme par hasard
se trouvent être les siennes.
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