Musashi

Une communauté fraternelle d'hommes libres et déterminés, en alternative aux pièges de la société moderne

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vendredi 16 décembre 2016

Waves



Je suis toute l’activité des hommes, mais je ne suis qu’un presque rien, une simple passerelle, un passage, l’essence même de l’échange.

Pour cette raison rien ne m’arrête, non par la force, mais par une douce insinuation, invisible, patiente, inexorable. Je suis comme l’eau, car quiconque veut me barrer la route ressemble à ce roi qui envoyait son armée contre la mer, avec l’ordre de stopper la marée montante. Les civilisations asiatiques ont compris mieux que toute autre ce pouvoir de l’élément fluide, plus fort que la plus dure des pierres. L’infiltration, toujours victorieuse de la confrontation.

Quiconque s’énerve contre moi et pense s’affranchir de mon courant le paie au double. Je suis ce principe de la nature qui veut que l’on n’obtient jamais rien de profond par la force. Pour que je donne, il faut donner, passer par tous mes points, il n’est pas plus possible d’y échapper qu’à une vérité de l’arithmétique.

vendredi 2 décembre 2016

Les Templiers



Non nobis domine non nobis sed nomini tuo da gloriam


Carlsen l’a emporté une fois encore, mais son noble adversaire, Karjakin, lui a opposé une résistance comme il n’en avait jamais connue. Le grand maître norvégien a senti le frisson de la défaite lors de la 8ème partie du match, avant de se reprendre et déplacer le terrain de l’affrontement vers les parties rapides, où il est quasiment inatteignable. Ces deux combattants de la boxe de l’esprit nous offrent plus d’une leçon quant à l’actualité quotidienne, en même temps qu’un salutaire recul sur celle-ci.

lundi 21 novembre 2016

Le second tour des primaires LR pourrait encore réserver des surprises, en vue des présidentielles


Le scénario suivant du second tour des primaires est à considérer, en admettant qu'il reste une simple probabilité : évitons la cuistrerie des "experts" une fois de plus débordés par le scrutin d'hier, par manque patent de proximité avec les souffrances et les espoirs des français.

Des électeurs de gauche et du FN pourraient être tentés de peser fortement sur le scrutin en faveur de Juppé, pour des raisons bien entendu différentes, mais anticipant toutes deux un coup plus loin sur le chemin des présidentielles.


dimanche 13 novembre 2016

Les nouveaux enfants du siècle : les fracassés sont ceux qui ouvrent la voie


Le nouveau livre d’Alexandre Devecchio élucide deux impressions que nous ressentons tous confusément : La France joue sa survie dans les années qui viennent et sa jeunesse - tout en étant fracassée – en appelle au plus profond de l’histoire et de la symbolique de notre pays, afin d’élever sa force à la hauteur du péril qu’il encourt. 

Ceux que nous pensions les plus écrasés et les plus désorientés, les vingt printemps de la France de 2016, sont ceux qui trouvent ces ultimes ressources, puisant leur force dans un passé millénaire que l’on a pourtant tout fait pour leur arracher.

mardi 1 novembre 2016

Le nouveau charme discret de la bourgeoisie



« Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. »

Charles de Gaulle


Ils ne sont plus réactionnaires, c’est trop critiquable et dépassé.

Ils prônent une société multiculturelle mais mettent leurs enfants dans des écoles où ils n’auront pas à s’y confronter. Ouvrons-nous aux autres, mais restons tout de même entre nous n’est-ce pas ?


Ils veulent sauvegarder l’environnement et la planète et pour cela roulent en vélo ou vont à pied. Bien sûr, ils savent qu’ils font partie de l’infime partie de la population qui peut se permettre de se rendre à son travail de cette façon.

Pour sauvegarder ce privilège, ils sont prêts à rendre la circulation impossible ou interdite dans leur environnement préservé. Cela fait tellement écologiste, n’est-ce pas ? Qu’ils provoquent de monstrueux embouteillages, augmentent drastiquement la pollution et accablent de fatigue plusieurs millions de personnes, les privant de cette précieuse demi-heure supplémentaire pour leur vie de famille et leurs enfants, cela n’est pas leur problème. Après tout, ceux-ci peuvent prendre les transports en commun. Eux ne les prendront jamais : ils sont ouverts et progressistes, mais leur mode de vie est réservé à une certaine caste.



samedi 29 octobre 2016

VIRTUS



Virtus. Le terme romain fut forgé sur les champs de bataille, désignant la bravoure et la détermination au combat. Plus tard, il prit par extension le sens de valeur, de mérite, qu’octroie la fermeté d’âme.

Les significations françaises auxquelles il donne naissance sont multiples : vertu bien entendu, dans son acception morale comme dans le principe puissant et intrinsèque renfermé par une chose, telles les vertus médicinales d’une plante. Sa racine « vir » désigne le principe masculin, celui de l’adjectif « viril ».

Les glissements sémantiques sont toujours révélateurs. En français et de nos jours, le terme de « vertu » est devenu quasi péjoratif. L’attachement à des principes et des valeurs est moqué comme étant suranné et naïf, ou bien effarouché. La vertu est devenue une pudeur de vierge ou encore la défense pathétique du bigot s’accrochant à des principes disparus sous le cynisme de l’époque. Dans la France de 2016, l’éthique est une faible protestation un peu ridicule, pour les Romains elle est une mâle affirmation.



vendredi 14 octobre 2016

Un dirigeant du 21ème siècle



Président, j’en ai tant rêvé. Lors de ma campagne, seule comptait la victoire. Je ressens maintenant un léger goût d’amertume et d’ennui, une fois dans la place. Je voudrais être sans cesse dans cette effervescence où mes promesses sont gratuites, où il me suffit de communiquer et de faire rêver sans avoir à rendre de comptes.

Car ma vie est dure, savez-vous ? Oh, je vous vois sourire. Mais cela est difficile de rêver d’être puissant et de ne pouvoir rien.


vendredi 30 septembre 2016

Qu'est-ce que la laïcité ?



«Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France: ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération.»

Marc Bloch


«La république est laïque, la France est chrétienne.»

Charles De Gaulle


La définition première de la laïcité est celle d’une impartialité de l’état et de toute puissance publique vis-à-vis des religions pratiquées au sein de la nation : dès lors que la res publica est en jeu, la laïcité enjoint les citoyens de laisser leurs croyances au vestiaire. Ceci est particulièrement utile dans le cas de l’éducation nationale, l’apprentissage des sciences et des savoirs fondamentaux nécessitant de se discipliner pour ne pas laisser interférer nos croyances personnelles.

Les deux citations en exergue de Marc Bloch et du Général questionnent ce sens premier, semblent montrer qu’au-delà de la définition formelle, un paradoxe doit être affronté pour en goûter pleinement le sens. Marc Bloch choisit sciemment de juxtaposer le symbole même de la royauté chrétienne française avec la fondation des principes républicains de la France. Que faut-il y lire ? Et quel sens donner à la contradiction voulue dans la phrase gaullienne ?

samedi 17 septembre 2016

Donald Trump est-il une ruse de la raison ?



Que révèle cette candidature ?

Démagogue, sexiste, raciste, grossier, simpliste, vulgaire, inconscient, … aucun épithète n’a manqué à l’appel dans les jugements portés sur Donald Trump, y compris et en premier lieu en provenance de son propre camp politique.

Je refuse de rentrer dans ce débat, de rentrer dans cette guerre des jugements et des alertes. Il est impossible à ce stade de savoir qui est Donald Trump, quelle est la mesure de ce qu’il pense sincèrement et du personnage qu’il joue, des dérapages voulus ou non contrôlés, de la part de bêtise ou de provocation savamment calculée.

Certaines interviews suggèrent que le personnage est plus complexe qu’il n’y paraît, que la folie de nos interventions au moyen-orient qui ont plongé le monde dans le chaos lui est évidente, qu’il paraît presque sage sur ces sujets. Ses déclarations publiques sont quant à elles inquiétantes, mais à un point tel qu’en sonner l’alerte est un truisme.

Aussi la question n’est pas tant de s’horrifier de la candidature de Donald Trump que de savoir ce que signifie qu’une telle candidature ait été rendue possible. Quelles sont les vagues de fond plus profondes qu’il est possible de détecter, derrière le fait que le candidat élu et désigné des républicains est à présent un tel homme ?

vendredi 26 août 2016

Un vrai festival


Je ne voulais vraiment pas en parler, tant le sujet relevait pour moi de l’évidence. Apparemment, à part chez quelques individus et veilleurs indépendants, toute pensée un tant soit peu cohérente a été définitivement anéantie dans la sphère politico-médiatique.

La question du burkini n’est en rien un débat sur la liberté de choix, sur la tolérance de nos sociétés, sur « le droit à s’habiller comme l’on veut », comme j’ai pu le lire sous la plume de quelques ravis de la crèche néo-libéraux ou socialistes.

Placer la discussion sur ce terrain serait revenu à défendre en 1933 le droit aux fringants jeunes gens nommés les SA de porter ces jolis brassards ornés d’une croix gammée, comme s’il s’agissait d’un simple choix vestimentaire.

Le burkini n’est ni un choix vestimentaire parmi d’autres, ni un signe religieux, ni même un vêtement propre aux femmes d’une communauté. Le burkini est un uniforme, un vêtement de combat d’une armée totalitaire en ordre de bataille, ne rêvant que de faire la peau à l’occident et plus généralement d’écraser tous ce qui n’est pas eux. Qui plus est, ces rêves de destruction et de domination sont devenus leur seule raison d’être et le seul moteur de leur existence, sans qu’aucun accomplissement positif ne vienne s’y glisser.


jeudi 28 juillet 2016

Trois cibles et trois leurres



La situation est telle que nous semblons être cernés de toutes parts, sans savoir laquelle des menaces est la plus critique : néolibéralisme, islamisme ou corruption et lâcheté de l’état détourné à des fins personnelles ?

Savoir lesquelles sont les causes, lesquelles les effets, comment trouver des parades, et laquelle des trois est la plus critique nous est difficile. D’autant plus que la pression de l’urgence et la dégradation maintenant quotidienne de notre société sont propices à la panique.

Dans de telles situations, il faut garder la tête froide, affronter les menaces une par une, en gardant surtout le sens des priorités.


jeudi 14 juillet 2016

Le bonheur d'être rouge

Je ne suis pas communiste, loin s’en faut. Je ne peux cependant me départir d’une sorte de tendresse vis-à-vis de certains d’entre eux.

J’entends déjà pousser de hauts cris. Ne venez pas me rappeler les crimes staliniens, ceux des autres dirigeants de l’URSS ni ceux d’autres régimes communistes. Ne prenez pas cette peine, je ne vous les contesterai pas.

Ne cherchez pas non plus à me convaincre de l’échec prévisible de toute économie planifiée, ni du caractère incontournable de l’économie de marché : ceux qui me lisent m’ont vu en faire plus d’une fois la démonstration.

Ce n’est pas de cela dont je vais vous parler. Je vais commencer par une part affective, qu’il m’est impossible de renier. Celle d’un grand-père communiste qui, par conviction de la valeur de la connaissance, mettait toutes ses dernières énergies à m’apprendre à lire le plus tôt possible, me léguant un bagage inestimable.

samedi 2 juillet 2016

Le véritable clivage du Brexit



Le souffle de l’apocalypse tant annoncée par les thuriféraires de l’UE étant retombé en une semaine, et le résultat étant ce qu’il est malgré les menaces dignes du « Parrain » de la part du président de la commission, beaucoup de commentateurs ont cherché à comprendre quelles lignes sociales le Brexit avait tracées.

Gaspard Koenig en a entrepris une première « analyse » dans le Figaro Vox, dont la tonalité confine bien davantage au mépris et à la haine profonde qu’à la volonté de comprendre. 
 



Vu selon son prisme, les partisans du Brexit sont nécessairement des brutes sous-éduquées, l’attachement à un état nation la pierre angulaire de tous les fascismes et de toutes les guerres, jusqu’à réclamer que Londres fasse sécession du reste du Royaume-Uni, tout en dénonçant les « fictions de romancier » de ses adversaires...


Gaspard Koenig ne semble pas le moins du monde gêné par ses propres méthodes d’argumentation, qui outrepassent ce qu’il reproche aux plus arriérés de ses adversaires : mépris, appel à la haine, essentialisation de celui qui est en désaccord avec lui, considéré comme un être inférieur.
 

dimanche 26 juin 2016

Sont-ils ?



Qui sont ces personnes si tolérantes et si ouvertes, mais qui crient au fascisme au moindre désaccord ?

Quelles sont ces « élites » qui ne connaissent aucun de leurs dossiers, restent en surface de tout, maintiennent sous le boisseau ceux qui pensent et agissent réellement ?

Qui sont ces hommes qui invitent à prendre des risques mais n’en prennent eux-mêmes aucun, leurs gains étant garantis, leurs pertes payées par d’autres, leurs accomplissements toujours captés et volés, jamais mérités ?

Quels sont ces acteurs qui jouent les hommes responsables mais ne pensent qu’à leur intérêt immédiat et personnel sans souci aucun des conséquences ?

Qui sont ces donneurs de leçon exhortant à la réalisation de soi mais qui ne font que sculpter une statue à leur gloire et à leur narcissisme au lieu de cultiver maîtrise et engagement, et ne savent pas faire la différence entre les deux ?

Quels sont ces hommes qui se disent ouverts sur le monde et adversaires du repli sur soi, mais ne sortent jamais de leur petit milieu préservé, ne se confrontent jamais à des situations réellement difficiles ou dangereuses ?

Qui sont ces penseurs qui se disent profonds, mais ne savent pas tenir deux minutes les tensions créatrices entre deux notions opposées, identité et ouverture, tradition et modernité, racines et ailes, les sectionnant platement en deux parties pour dire que l’une est le bien, l’autre le mal, leur gloire comme seule véritable raison ?


« Nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes. »

François de la Rochefoucauld

mercredi 15 juin 2016

Inverser la peur


Nadia Remadna, chef de file de la « Brigade des mères » à Sevran, est menacée de mort depuis le mois de mars 2016, à travers des appels téléphoniques très inquiétants.

Son fils a été agressé très violemment il y a quelques jours, nez brisé et visage tuméfié, par des jeunes qui lui ont laissé le message : « Ta mère n’est pas une bonne musulmane, elle va mourir …. »

Nadia Remadna mène depuis deux ans une lutte courageuse et intelligente à la tête de la Brigade des mères : ramener les jeunes tentés par le djihadisme vers leurs liens familiaux et humains, les arracher à la drogue mortelle de l’islamisme.

Elle est aussi une femme de terrain dont les alertes et les messages ont une valeur inestimable quant à la situation des banlieues gangrenées par l’islamisme.

Il est difficile de parler après elle sur ce sujet : elle confirme ce que tous craignaient, le cantonnement des jeunes musulmans dans le communautarisme, la lâcheté et le clientélisme des élus locaux accentuant gravement le déni des valeurs de la république, la loi des caïds jouant de l’intimidation et plaçant des quartiers entiers sous coupe réglée.

mardi 7 juin 2016

Je suis un sale con néo-réactionnaire et j'en suis fier


Si vous êtes un branlotin néo-libéral ne connaissant rien au vrai monde de l’entreprise, un militant du NPA luttant contre les méchants capitalistes et servant la soupe à Tariq Ramadan, un électeur convaincu par « Les Républicains » (je ris !) ou le « Parti socialiste » (je pleure de rire !) pensant que l’on peut encore raccommoder le contrat social dans ce pays sans mesure radicale, un militant du FN pensant que le renouveau viendra d’un mélange de vieux fond moisi d’OAS et de nouveaux arrivistes formés au marketing politique, ne lisez pas.


mardi 24 mai 2016

Un monde vide de sens, vraiment ?


Même le vide a ses raisons, que la raison n’ignore pas. Il y a bien un message véhiculé par nos sociétés modernes, que nous devons décrypter

La plupart des critiques de notre société post-moderne, et partant de ce que sont devenues nos démocraties occidentales, dénoncent une ère du vide.

La tentation d’un retour à des régimes autoritaires ou la fascination exercée par les différentes formes de luttes violentes contre nos démocraties – à commencer par l’islamisme – seraient dues à la vacuité de nos propres sociétés, à leur incapacité à donner du sens à la vie en communauté.

Les arguments en faveur de cette thèse sont connus : l’individualisme forcené du monde moderne, son consumérisme comme but en soi, son règne des apparences du spectacle et de la frivolité participeraient de cette éviction du sens. Il n’y aurait nul but autre que réaliste et commercial, et pour les défenseurs irréductibles du post-modernisme ceux qui prétendraient le contraire doivent être taxés de dangereux idéalisme.


mercredi 11 mai 2016

Trois théorèmes du management


1. Théorème de la rentabilité

Toute recherche immédiate et aveugle de rentabilité aboutira à des pertes considérables de rentabilité.
Illustrations :

La diminution du prix des composants ou des équipements :

Comprimez vos coûts de production en rognant sur le moindre composant, sans connaissance du fonctionnement industriel d’ensemble de votre produit ou de votre service.

Vous obtiendrez alors une automobile haut de gamme dans laquelle il n’est pas possible de téléphoner en connexion bluetooth, une assurance ou un service juridique ne couvrant plus qu’un pourcentage dérisoire de ses clients, un call-center incapable de renseigner des personnes ayant besoin d’aide, un système informatique défaillant parce que le prestataire engagé pour le développer aura été étranglé financièrement par votre service achats.

vendredi 6 mai 2016

La renaissance de l'auto-gestion


L’alternative et l’exemple

La critique du libéralisme d’aujourd’hui place les débatteurs dans une position inconfortable. Nous sentons tous que nous arrivons à une limite de l’économie de marché, par son incompatibilité croissante avec une vie sociale stable, par l’absurdité d’une césure humaine entre cohortes de chômeurs et employés en surmenage, par un étirement des inégalités devenu obscène, laminant ce socle des sociétés démocratiques que sont les classes moyennes.

Tous jouent par obligation le jeu du monde de l’entreprise, mais chacun le déteste secrètement, sachant pertinemment qu’il n’a plus rien à voir avec l’esprit d’entreprise, qu’il n’est plus qu’un asservissement, qu’il porte les usurpateurs au pouvoir et non les meilleurs.

Nous ressentons tous le besoin de briser ce cercle de la non-raison, mais comment procéder ? Certains plaideront pour davantage de libéralisme : selon eux, le problème ne provient pas de l’économie de marché, mais du fait que nous ne sommes pas allés encore assez loin dans celle-ci.

Les tenants de cette thèse ont-ils lu Paul Watzlawick, penseur pourtant étiqueté libéral : face à une solution qui ne marche plus, l’un des travers humains est de rajouter encore plus de celle-ci. Le libéralisme devient ainsi l’inverse de sa finalité initiale : une incantation et non l’action de la raison critique en économie.

La critique ne suffit pas : celui qui n’a pas de contre-proposition et de projet de société se perdra en velléités ou en agressivité pure. En politique, la valeur de l’exemple surpasse tout discours.


vendredi 22 avril 2016

Géant


Le mouvement « nuit debout » avait suscité un espoir initial. Certains - dont des amis et auteurs proches – y voyaient une version politiquement à gauche des « veilleurs ». L’analogie était tentante, à qui cherche un peu de lumière dans ce monde qui en manque tant.

On pouvait voir dans les deux mouvements un rapprochement de ceux qui refusent la marchandisation généralisée de l’humain, la réduction de la conscience à l’intérêt égoïste, la déliquescence et la perte de sens d’un monde qui n’est même plus soumis à la loi du plus fort mais du plus arnaqueur et du plus tordu.

L’appel à toutes les bonnes volontés, par-delà les clivages politiques, est un espoir dans lequel tout le monde veut croire. Les jeunes de « nuit debout » semblaient lancer cet appel à ceux des « veilleurs », à travers le témoignage de la flamme restée allumée dans la nuit.


Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien. « Nuit debout » est un mouvement qui n’a pas eu le premier courage de la liberté : celui de s’engager sur une thèse qui prend le risque d’affronter la discussion critique, ni de mener des actions constructives ayant la valeur de l’exemple.

Au lieu de cela, il s’est vautré au mieux dans une foire aux états d’âme de post-adolescents, au pire dans des actions violentes de casseurs et de démagogues. Il nous a donné le spectacle supplémentaire de la régression infantile de la gauche radicale, et incarne à merveille l’une des facettes de la déliquescence du monde néo-libéral dont il prétend être l’adversaire.

Sa phase terminale est confirmée, car nous entendons déjà glapir les obscènes récupérateurs - terroristes directs et indirects - qui se repaissent de ce genre de mouvement, accompagnés de leur habituel carnaval de fausses causes et de justiciers de pacotille.

mardi 19 avril 2016

PIB en parité de pouvoir d’achat : quand l’instrument de mesure trahit les rêves secrets du FMI


Le FMI a publié récemment son classement comparatif des puissances mondiales, selon un nouveau mode de calcul : le PIB en parité de pouvoir d’achat.

La nouvelle a soulevé quelques débats, notamment parce que selon ce nouveau moyen de mesure la France doit être considérée comme la 9ème puissance économique mondiale, au lieu du 6ème rang que lui confère l’ancien calcul en PIB brut.

La discussion est vite retombée, et semble avoir été bien plus provoquée par le résultat final et le soufflet adressé à la France, que par l’analyse économique de fond.

La superficialité médiatique est une fois de plus regrettable, car la publication de ce résultat par le FMI est porteuse d’informations très importantes.

Ce qui n’a pas été observé est que l’adoption du nouveau moyen de mesure par le FMI trahit un point au moins aussi critique que le résultat de la mesure elle-même. Lorsqu’un organisme économique change de méthode statistique, cela signifie qu’il a décidé de chausser de nouvelles lunettes pour appréhender la réalité. Et le changement de point de vue trahit aussi l’évolution d’une mentalité interne.

samedi 16 avril 2016

Kaze no Shō - Le livre du vent, ou l'esprit de sacrifice


Quel est le concept le plus scandaleux ? Le parfait contre-courant du discours « moderne », vous reléguant au sein des plus réactionnaires, dérangeant le confort douillet du camp du bien, choquant au point d’être incompréhensible pour l’ « homonculus economicus » (le véritable nom que celui-ci mérite).

Les discours de haine ou ceux se voulant « anti-système » n’ont absolument rien de subversif : ils sont d’excellents idiots utiles et ne font que renforcer par contraste la vulgate post-moderne dans ses convictions, dans sa suffisance tranquille de détenir la vérité absolue. Ces discours font d’ailleurs partie intégrante du post-modernisme. Ils suivent son paradigme commun de vouloir faire parler de soi à tout prix, de « créer le buzz », de s’adonner au goût du spectaculaire, des pensées faciles et rapides.

La notion la plus subversive,  placée de surcroit au fin fond de la ringardise, défaut de nos jours beaucoup plus grave que la faute morale, est le sacrifice. Se sacrifier, parfois jusqu’à donner sa vie, pour les valeurs que l’on veut défendre.

mardi 29 mars 2016

Dernier appel



Où êtes-vous ? Qu’êtes-vous devenus Nizar, Rachid, Kaïna, Tarek, Nabila, Tolba ?

Quel a été votre destin ? Qui avez-vous écouté ? Qui écoutez-vous encore ? J’ai honte de me poser une telle question mes amis. Honte de ne plus vous faire confiance, de douter, de me demander si vous n’avez pas failli.

Pas vous, ce n’est pas possible. Mais tant d’allemands avaient déchu à l’époque, même parmi les meilleurs. Avaient cédé au mélange du ressentiment, de l’aigreur et de la trouille qu’ils paraient des couleurs de l’héroïsme, en se soumettant à leurs nouveaux maîtres.

dimanche 20 mars 2016

Le patriotisme est un humanisme



Patriote. Combien de fois le mot ne fut-il pas maudit dans les dernières décennies, stigmatisé, rabroué, accusé de tous les maux, considéré comme cause de toutes les violences, en regard d’un monde idéal et moderne qui s’en serait débarrassé.

La place que le monde post-moderne lui a assignée était d’être ad vitam aeternam le troisième pilier de la devise de Vichy. La cocarde ne pouvait plus être l’insigne des hommes épris de liberté, en lutte contre l’injustice et l’arbitraire, mais au mieux la marque de nostalgies surannées et douteuses, au pire le fait de fascistes et d’esprits étroits.

Une étrange hémiplégie a saisi le monde moderne. Seul le « patriotisme » des collaborateurs – pourtant un oxymoron puisqu’il consistait à se coucher devant l’ennemi - fut retenu comme la seule acception valable, accompagnée parfois d’un repoussoir supplémentaire : l’agressivité revancharde qui conduisit l’Europe à sa perte dans le première moitié du XXème siècle. L’erreur, la source de tous les maux, c’était l’état-nation et l’attachement à celui-ci, même lorsqu’il n’était qu’amour d’un mode de vie et d’une culture.

Qu’importe qu’un Romain Gary, héros de la France libre et compagnon de la Libération eût écrit en 1943 dans « L’éducation européenne » : « … le patriotisme, c’est d’abord l’amour des siens, le nationalisme, c’est d’abord la haine des autres », sens repris par le Général de Gaulle en 1951 sous la formule : « Le patriotisme, c'est aimer son pays. Le nationalisme, c'est détester celui des autres.”

Fut ignorée également la phrase de Jaurès, teintée de mystère, « Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d'internationalisme y ramène. », montrant que les anathèmes et fausses oppositions pouvaient n’être pas si simples, que le camp de la haine et de la fermeture n’était pas nécessairement celui désigné par les adorateurs du paraître.

Nulle part mention non plus du fait que nos partenaires d’outre-atlantique, présentés comme le modèle d’une modernité qui devait se défaire des attachements anciens, ne renoncèrent jamais au sentiment patriotique, renouvelé et réaffirmé à chacun des temps forts de leur jeune histoire.

Mais il fallait en finir, faire apparaître coûte que coûte que l’attachement à son pays ne pouvait avoir qu’un seul sens – le mauvais – que la dualité complexe de l’amour n’existait plus. Il fallait à tout prix l’aplatir, la réduire, la tronquer, au prix du mensonge. Des philosophes de cour et de cocktail s’y employèrent, sectateurs de raisonnements simplistes les mettant eux seuls en valeur, là encore au prix du respect du réel.

mercredi 9 mars 2016

L'organisation de l'Orque



La plupart des tentatives de vie communautaire ont échoué non pour des raisons économiques, mais du fait de l’organisation de leur vie sociale. Trop tournées vers l’intérêt collectif de la communauté, elles sous-estimaient les aspirations individuelles de chacun. Chaque fois que les tentatives communautaires ont empiété sur le respect des projets personnels, voire sur la vie familiale et personnelle de ses membres, elles ont échoué.

Economiquement, les organisations en communautés libres se sont révélées au moins aussi performantes que l’entreprise classique, en grande partie parce que ces dernières doivent maintenir un taux d’encadrement beaucoup plus élevé ainsi que de nombreuses fonctions de reporting, non directement productives. David Graeber a ainsi montré que la société libérale - férue d’efficacité - engendrait un nombre croissant d’emplois inutiles, gaspillage qu’une communauté auto-gérée permet d’éviter.

lundi 29 février 2016

Même un dieu n'aurait pu le concevoir...



En hommage à Enki Bilal


Salut à toi Nikopol.


- Te voici de retour Horus ? Je croyais que tes congénères t’avaient condamné à au moins 1000 années d’immobilité pour violation du code des dieux égyptiens. J’espère que tu ne viens pas m’embarquer dans une de ces aventures dont tu as le secret, dans le seul but de servir tes desseins mégalomaniaques !


- Non Nikopol, cette fois je n’ai aucun objectif précis. Juste de la stupeur, de la curiosité, et un message à délivrer. Car j’ai vu l’évolution de votre monde à vous autres humains, et cette fois cela passe l’entendement même d’un dieu ! Vous êtes pires que tout ce qu’il m’aurait été possible d’imaginer.


- Ouh, de quoi allons-nous encore être accusés ? Pourtant tu as eu un bel échantillon de ce que l’on peut faire de pire lors de nos dernières aventures. Le régime fascisant de Louis-Ferdinand Choublanc qui avait investi Paris méritait une place de choix au musée des horreurs, à défaut de la foire aux immortels ! Répression épouvantable de tous les opposants, matraquage du petit peuple et des humbles, cynisme sans fond maquillé en injonctions morales et en rigueur… après avoir vécu cela ensemble, je ne vois pas ce qui suscite cette nouvelle crise d’indignation.


- Parce que vous êtes allés bien plus loin que tout cela Nikopol, dans votre monde d’aujourd’hui. Je pensais que les ignobles et grotesques Mussolini que nous avions rencontrés vous avaient fait toucher le fond. Mais vous êtes finalement bien plus forts que les dieux eux-mêmes, dès lors qu’il s’agit de perversion. La dictature ignoble à travers laquelle nous sommes passés n’était qu’une plaisanterie un peu ridicule à côté de ce que vous avez inventé aujourd’hui.


dimanche 14 février 2016

Zimako Jones, pour l'honneur de l'esprit humain



Calais est un enfer miniature, un microcosme reflétant et cristallisant toutes les faillites de nos sociétés et de notre époque.

Calais nous renvoie tout à la fois à notre responsabilité dans des conflits que nous avons créés en grande partie sans en assumer les conséquences, à notre inconséquence et notre angélisme sur la réalité de ce qu’est un flux migratoire massif d’hommes dont la culture voue souvent la nôtre à la destruction, à notre manque de discernement et de connaissance du terrain pour sanctionner fermement ce qui doit l’être et encourager ce qui le mérite.

Calais est devenu le miroir de toutes les turpitudes de nos sociétés néo-libérales, de leurs lâchetés, leurs hypocrisies, leurs compromissions, leurs manipulations. Le bourbier dans lequel vivent les hommes et femmes qui y sont entassés n’est que la concrétisation de la fange mentale des pseudos-élites européennes et américaines, n’ayant ni considération pour les hommes lointains qu’ils ont précipités dans des guerres décidées par eux, ni considération pour les hommes de leurs propres pays qui en paient maintenant les conséquences, par une population devenue inévitablement et logiquement un danger quotidien.

Plus que jamais, Calais est la preuve vivante que la seule valeur saillante du néo-libéralisme est l’irresponsabilité inconséquente, le gouvernement par des « élites » frivoles, incompétentes, demeurant en permanence à la surface des choses, ne s’illustrant plus que dans l’art de la défausse et de la fuite, clé de son accession au pouvoir.

Que dire alors, lorsque face à cela un homme montre non seulement toutes les qualités d’un dirigeant - celles dont nos « élites » ne possèdent plus une once – mais qu’il est issu de surcroît du centre de cet enfer et qu’il a pourtant trouvé la force de faire ce que ceux vivant dans le confort n’ont jamais su entreprendre ?

mardi 2 février 2016

Trois oppositions factices


Tout débutant en philosophie sait qu’un véritable questionnement commence par une aporie, une impasse qui apparaît comme insoluble, entre deux termes contradictoires. Le jeune disciple apprend par la suite qu’un véritable concept - de ceux qui donnent à la pensée sa valeur - ne peut pour cette raison être jamais nommé : un concept est la tension qui réside entre deux thématiques contradictoires, il n’est jamais l’une seule de ces thématiques.

Pour cette raison, Ludwig Wittgenstein en vint à soutenir que tout ce qui a de la valeur en philosophie n’est jamais écrit, ne réside jamais dans le texte lui-même mais dans la tension que celui-ci nous fait ressentir entre les lignes qu’il trace.

Le concept est comme l’arc électrique, et exerce à ce titre la même fascination. Il est fugace et insaisissable tout en exprimant une notion éternelle, éphémère mais infiniment éblouissant. Nous comprenons pourquoi les Grecs en ont fait le symbole du maître des dieux : il est une puissance résidant dans le ciel des idées, mais ne se laisse voir à nous qu’un bref et fulgurant instant.

Avons-nous à ce point régressé que notre monde qui se prétend « civilisé » et « moderne » soit incapable de faire revivre cet univers électrique de la pensée ? Car les débats mis en exergue par ceux qui se targuent d’incarner la civilisation et l’ouverture sont bien médiocrement menés.

Ceux qui s’auto-intronisent représentants de la « société ouverte » ne savent plus jouer qu’un air très appauvrissant : les fines contradictions qui engendraient des débats entre deux ou trois positions également estimables disparaissent au profit d’un manichéisme des thèses, d’un parc d’attraction infantilisant de la pensée peuplé de bons de méchants au sein duquel ils s’octroient bien évidemment le beau rôle. En matière de société ouverte Karl Popper doit se retourner dans sa tombe : ceux qui prétendent à son héritage politique ont jeté aux orties ce qui en est la pierre angulaire : l’esprit critique.

mercredi 13 janvier 2016

Le Château


« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. »


« Sous la poussée d’une surpopulation qui s’accélère et d’une sur-organisation croissante et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation des esprits, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques — élections, parlements, Cours suprêmes, et tout le reste — demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle espèce de totalitarisme non violent.

Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu’ils étaient au bon vieux temps. La démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions de radio et de tous les éditoriaux. Entretemps, l’oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs des esprits, mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera. »

Aldous Huxley, « Retour au Meilleur des mondes »

vendredi 1 janvier 2016

L’Asie de l’Est dominera le monde de demain : 10 raisons


Les pays de « l’Asie de l’Est », Chine, Corée, Japon, Mongolie, Taïwan, Viêt Nam et Singapour, occupent encore assez peu le devant de la scène médiatique, toute concentrée sur nos propres crises ou sur l’affrontement très voyant entre nous et l’islamisme.

Comme toujours, ce sont les changements discrets qui peuvent se révéler décisifs, loin du retentissement bruyant des premières pages. Beaucoup voient dans l’Asie de l’Est une force émergente mais confuse, faisant peu parler d’elle, ayant sans conteste une grande influence, mais vouée éternellement aux seconds rôles.

La majorité qui reste dans ce sentiment ne perçoit pas les changements de fond qui sont en cours. L’objet de ce texte est de montrer que contrairement aux impressions confuses et lointaines, des signes clairs annoncent que c’est l’Asie de l’Est qui tiendra les commandes du monde civilisé dans les décennies qui viennent. J’ajoute que je n’y vois nullement une menace, mais que cela ne serait en sorte que justice si le monde occidental poursuit la déliquescence qui est la sienne.

Pendant que nous nous perdons dans les affrontements les plus voyants et les plus bruyants, des forces discrètes travaillent et progressent. L’erreur serait de croire que dans l’affrontement actuel entre l’occident et l’islamisme, c’est l’un des deux protagonistes qui l’emportera. L’issue la plus probable est que c’est la troisième force de l’Asie de l’Est qui s’imposera, laissant les deux destructeurs s’entre-déchirer jusqu’à perdre l’essentiel de leurs forces.

Ceci n’a rien d’étonnant. Ne sachant précisément plus faire la différence entre la destruction et le combat, n’étant pas du tout assez fermes sur ce qui mériterait de l’être et tyrannique contre ceux qui devraient avoir la parole, nous employons la plus mauvaise stratégie qui soit contre l’islamisme. A contrario, ceux qui se sont construits patiemment et savent se défendre implacablement lorsqu’il le faut, ont toutes les chances d’émerger  au milieu des décombres, pour être la force vive de demain.