« Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie
accepterait n’importe quel abaissement de la nation. »
Charles de Gaulle
Ils ne sont plus réactionnaires, c’est trop critiquable et dépassé.
Ils prônent une société multiculturelle mais mettent leurs enfants dans des
écoles où ils n’auront pas à s’y confronter. Ouvrons-nous aux autres, mais
restons tout de même entre nous n’est-ce pas ?
Ils veulent sauvegarder l’environnement et la planète et pour cela roulent
en vélo ou vont à pied. Bien sûr, ils savent qu’ils font partie de l’infime
partie de la population qui peut se permettre de se rendre à son travail de
cette façon.
Pour sauvegarder ce privilège, ils sont prêts à rendre la circulation impossible
ou interdite dans leur environnement préservé. Cela fait tellement écologiste,
n’est-ce pas ? Qu’ils provoquent de monstrueux embouteillages, augmentent
drastiquement la pollution et accablent de fatigue plusieurs millions de
personnes, les privant de cette précieuse demi-heure supplémentaire pour leur
vie de famille et leurs enfants, cela n’est pas leur problème. Après tout,
ceux-ci peuvent prendre les transports en commun. Eux ne les prendront
jamais : ils sont ouverts et progressistes, mais leur mode de vie est
réservé à une certaine caste.
Sur le plan économique, ils veulent un marché totalement dérégulé, notamment le marché de l’emploi. Le camp du progrès s’est modernisé, n’est-ce pas, il a dû s’adapter à l’évolution du monde. Bien entendu, cela précipite un grand nombre de personnes dans la précarité. Mais eux ne seront pas concernés : ils occupent les rares postes entièrement préservés de ces désagréments : ceux qui décident d’exposer les autres à la précarité n’appliquent jamais à eux-mêmes ce précepte.
Et puis c’est tout de même pratique, cela permet d’avoir du petit personnel à bas prix. Un vivier à disposition, mais que l’on aide de façon progressiste n’est-ce pas. Le plaisir discret de l’ancienne bourgeoisie qui avait « ses pauvres », et les aidait de façon si charitable tout en les rendant corvéables à merci. Mais eux ne sont pas comparables, car ils appartiennent au camp du progrès.
Ils peuvent ainsi cultiver ce fantasme silencieux, celui où les situations
de détresse humanitaire permettent toutes les transgressions et tous les abus,
sous couvert de bonne conscience. Evidemment, cela n’est pas à la portée du
commun, mais ils sont au-dessus de la masse, et explorent de nouvelles formes
de sexualité, cela fait aussi partie des privilèges du camp du progrès. Juger
de ceci selon la morale commune est la marque de ceux qui n’atteindront jamais
la grande relativité des choses, qu’eux seuls comprennent.
Les collectivités territoriales ont été une vraie aubaine, de postes
tranquilles, inamovibles et grassement payés. D’autant plus qu’ils y retrouvent
une bonne partie de leurs amis politiques. Ils ont ainsi le temps de discuter
et décider des grandes orientations de la société. Le travail ? A d’autres
…
Ils ont été un peu vexés des saillies de cet anarchiste de David Graeber,
qui a fait remarquer qu’ils occupaient sans doute un « bullshit
job », un travail qui ne servait pas à grand-chose. Ils ont eux-mêmes été
un peu anarchistes dans leur jeunesse, mais ils ont une lucidité supérieure à
la moyenne de la population n’est-ce pas, qui prendrait des décisions
irréfléchies si on la laissait faire.
Lors de plans sociaux, ce sont ces
encadrements qui ne servent pas à grand-chose qu’il faudrait faire partir, mais
ce sont précisément les mêmes qui décident de ceux qui seront sur la liste. Ils
profitent allégrement de tout ceci mais ont conservé leurs idéaux tout de même.
Une bonne communication, c’est très important.
Les apparences successives qu’ils ont empruntées forcent l’admiration.
Appréciez en fin gourmet, et en toute hypocrisie, le nouveau charme discret de
la bourgeoisie !
Si vous avez aimé cet article, mes deux livres sur le monde de l'entreprise et plus généralement sur les pièges de la société moderne. Egalement disponibles au format Kindle :
Ha,ha,ha les fonctionnaires seraient donc de venus nos bourgeois... parce que ce sont bien des fonctionnaires qu'il est question...genre Education nationale en plus...et vous pointez la fonction publique territoriale ? mais vous n'y êtes pas mon vieux... les gens de la Fonction publique territoriales sont des gros beaufs, qui se déplacent en 4x4 , pas en vélo.
RépondreSupprimerNon désolé ce ne sont pas les fonctionnaires qui sont visés dans cet article. Lisez David Graeber : les "bullshit jobs" se retrouvent à tous endroits de l'activité sociale et économique, indépendamment des clivages public / privé.
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