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dimanche 14 février 2016

Zimako Jones, pour l'honneur de l'esprit humain



Calais est un enfer miniature, un microcosme reflétant et cristallisant toutes les faillites de nos sociétés et de notre époque.

Calais nous renvoie tout à la fois à notre responsabilité dans des conflits que nous avons créés en grande partie sans en assumer les conséquences, à notre inconséquence et notre angélisme sur la réalité de ce qu’est un flux migratoire massif d’hommes dont la culture voue souvent la nôtre à la destruction, à notre manque de discernement et de connaissance du terrain pour sanctionner fermement ce qui doit l’être et encourager ce qui le mérite.

Calais est devenu le miroir de toutes les turpitudes de nos sociétés néo-libérales, de leurs lâchetés, leurs hypocrisies, leurs compromissions, leurs manipulations. Le bourbier dans lequel vivent les hommes et femmes qui y sont entassés n’est que la concrétisation de la fange mentale des pseudos-élites européennes et américaines, n’ayant ni considération pour les hommes lointains qu’ils ont précipités dans des guerres décidées par eux, ni considération pour les hommes de leurs propres pays qui en paient maintenant les conséquences, par une population devenue inévitablement et logiquement un danger quotidien.

Plus que jamais, Calais est la preuve vivante que la seule valeur saillante du néo-libéralisme est l’irresponsabilité inconséquente, le gouvernement par des « élites » frivoles, incompétentes, demeurant en permanence à la surface des choses, ne s’illustrant plus que dans l’art de la défausse et de la fuite, clé de son accession au pouvoir.

Que dire alors, lorsque face à cela un homme montre non seulement toutes les qualités d’un dirigeant - celles dont nos « élites » ne possèdent plus une once – mais qu’il est issu de surcroît du centre de cet enfer et qu’il a pourtant trouvé la force de faire ce que ceux vivant dans le confort n’ont jamais su entreprendre ?

Zimako Jones a bâti de ses seules mains « l’école laïque du chemin des Dunes », un havre de paix et de chaleur humaine au milieu de la jungle de Calais. A la fois entrepreneur, bâtisseur et organisateur, il a construit la charpente en bois de l’école, a fédéré la trentaine de professeurs se relayant pour dispenser une alphabétisation en français et en anglais, s’est dépensé sans compter pour recruter des bénévoles, a pensé à y adjoindre une infirmerie.

Il a compris que sa seule chance, ainsi que celle de ses compagnons, passait par l’instruction et le savoir. Il y voit non seulement la clé de leur intégration, mais également la meilleure façon pour les migrants de sauvegarder leur dignité. Il a refusé de subir passivement la situation à laquelle il était contraint, et avec une énergie et un sens de l’initiative hors du commun, il a remué ciel et terre pour améliorer un peu le quotidien de tous et entrouvrir un nouvel espoir.

Ses compagnons ne s’y sont pas trompés. Adultes comme enfants prennent le chemin de cette école bâtie de toutes pièces. Elle est aussi lieu de vie et de dialogue : les liens sociaux sont à nouveau tissés, et les activités des enfants structurées et sécurisées.


La capacité de Zimako Jones à entreprendre de telles initiatives est porteuse de grands enseignements sur notre propre monde.

Le premier est l’immense valeur d’exemple. Quand, dans des situations bien moins dramatiques, quelques jeunes frustrés s’adonnent sans mesure à la haine, à la perpétuelle excuse de leur nullité par des accusations fantasmées, un homme ne s’en prend à personne, se donne les moyens du mieux qu’il le peut pour s’en sortir, et par la même occasion élever les autres. Quand des politiques soit disant décisionnaires sont incapables d’engager la plus petite action concrète, et ne pensent plus leurs prochaines décisions qu’en termes de plan de communication, un homme simple et sans aucun pouvoir leur montre quelles initiatives élémentaires peuvent être engagées.

Le second est de démolir un certain nombre de préjugés. La situation des migrants de Calais ne peut être pensée de façon binaire. Ici, l’accusation d’assistanat est battue en brèche : nombre de personnes qui ne sont pas des migrants, et dans des situations bien meilleures que celle de Zimako, ne démontrent pas le quart de sa capacité à se prendre en main.

Un autre dogme éclate, celui du paradigme néo-libéral qui oppose indépendance et solidarité : la capacité à prendre en main sa propre vie ne se fait pas au détriment des autres, mais ne peut au contraire advenir qu’en faisant naître un esprit collectif. Les mainates cravatés du néolibéralisme devraient être envoyés quelques semaines dans des stages de sport d’équipe, leur faisant toucher du doigt certaines réalités. La confusion entre indépendance et individualisme est l’un des maux du siècle, la différence qui les sépare est pourtant celle entre le joueur de rugby et la petite frappe.

Enfin, l’opposition entre société multiculturelle et respect de l’identité d’un pays cesse d’être caricaturée. Zimako a pris soin de déclarer d’emblée son école laïque, ouverte à tous. Lui-même maîtrise très bien la langue française, et soutient que le premier effort que doit faire un migrant arrivant dans un pays est d’en apprendre la langue, puis de contribuer à son développement, dans le respect de ses valeurs. Nul besoin de renier l’identité et les valeurs de notre pays pour intégrer ceux qui sont de bonne volonté pour partager notre histoire.

Ceux qui ne perçoivent pas que Zimako Jones est un géant ne savent pas voir. Son initiative gêne déjà : elle ne fait que trop souligner l’incapacité à agir de nos politiques, leur manque d’imagination et de courage. Il est question dans les jours qui viennent de fermer l’école des dunes, parce que la partie sud de Calais doit être évacuée.

Au-delà du bien-fondé de l’évacuation, nos dirigeants ont-ils à ce point perdu tout caractère et toute valeur pour ne pas voir que – ne serait ce que symboliquement – l’école des dunes devrait non seulement perdurer mais être désignée en exemple de ce que l’homme peut produire de meilleur ?

De faux héros ont été mis sur le devant de la scène, leur naturalisation annoncée de façon bruyante, pour sauvegarder une vision angéliste des migrants, celle qui a provoqué le contraire de ses intentions affichées. Zimako Jones mériterait cent fois leur naturalisation, et un politique clairvoyant comprendrait le très grand parti à tirer de l’ériger en exemple. Il y a des légions d’honneur qui ont été attribuées pour des accomplissements bien moins honorables que celui-ci.

Zimako Jones est l’un de ces personnages se trouvant – par ses qualités exceptionnelles – à un point nodal de l’histoire, un endroit où la fatalité, la résignation et la tyrannie peuvent être conjurées. Il nous montre tout ce qu’une société digne de ce nom devrait valoriser, donne l’exemple que cela est encore possible.


Lorsque les politiques sont défaillants, les citoyens s’organisent en communautés ou villages indépendants. Ces initiatives locales ont bien plus de force que les mesures abstraites de placement que les politiques s’apprêtent à prendre : si la consigne d’évacuation est donnée, un symbole de courage et d’indépendance d’esprit disparaîtra, et avec lui une aide que les enfants prisonniers à Calais ne percevront certainement plus.


Notre époque en laisse rarement le loisir, aussi devons-nous saluer et faire massivement connaître qu’un homme a eu le courage de travailler, dans les pires conditions, pour l’honneur de l’esprit humain. 



Si vous le souhaitez, signez la pétition demandant la nationalité française pour Zimako Jones : la valeur de l'exemple peut beaucoup :

Pétition - Nationalité Française pour Zimako Jones



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