Musashi

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dimanche 31 mai 2015

ETHIQUE DE CONVICTION – ETHIQUE DE RESPONSABILITE
















Conviction :
Je suis ministre de l’éducation nationale, et je conçois une réforme remplaçant la fin de journée scolaire par des activités éducatives, rythme conseillé par des pédagogues et chronobiologistes. J’ai posé une action aux nobles desseins, et mon nom sera inscrit pour cela dans l’histoire de l’éducation nationale.

Responsabilité :
Je comprends que se libérer à 16h ou payer une nounou est déjà difficile pour la très grande majorité des gens, et que le faire à 15h est proche de l’insurmontable. Mais pour cela il faut s’intéresser à la vie quotidienne des hommes. Que les pédagogues et chronobiologistes sont auto-proclamés et qu’ils appartiennent à un petit cénacle théoricien tournant en boucle fermé depuis des années, imbibé d’idéologie du PS et non de remontées du terrain.  Je comprends qu’il n’est pas opportun de promouvoir une réforme qui coûtera plusieurs centaines de millions d’euros dans un contexte de déficit budgétaire déjà élevé de mon pays, surtout lorsque je n’ai rien prévu du circuit de financement par les communes, dont beaucoup ne peuvent se le permettre.

Je comprends  que la formation de milliers d’animateurs qualifiés est nécessaire pour proposer des activités qui ne soient pas de la simple garderie faisant perdre leur temps aux enfants, et qu’une telle formation s’anticipe et se planifie. J’admets le retour de la réalité lorsque je vois que ces mêmes animateurs ont été recrutés en catastrophe, généralement avec des qualifications largement insuffisantes tant sur le plan pédagogique que d’encadrement d’enfants. Je n’essaie pas de nier la réalité en disant que tout a été prévu de longue date. J’admets qu’il y a un problème lorsque l’on a trouvé intelligent de ne plus rendre le directeur d’établissement responsable des élèves lors de ces heures d’animation mais la municipalité, qui n’en a pas les moyens, ouvrant la porte à toutes les non surveillances et toutes les violences scolaires que des animateurs non qualifiés ne savent pas gérer. En un mot, je fais un travail de vrai professionnel qui consiste à anticiper les conséquences de ce que je projette de faire, et je ne me défausse pas de mes responsabilités en me contentant d’édicter un décret pour inscrire mon nom et prendre une posture, puis rendre responsable les exécutants s’ils n’ont pu mettre en œuvre une réforme inapplicable.


Conviction :
Je suis ministre de l’éducation nationale, et je conçois une réforme (bis repetita placent) abandonnant tous les apprentissages complexes et réservés aux hautes classes sociales (classes bilingues, langues mortes, ..) afin de diminuer l’élitisme et d’ouvrir l’éducation à un plus grand nombre. Je remanie les programmes d’histoire en intégrant au passé de la France celui de toutes les communautés qui sont venues s’y installer, y compris si elles sont issues de civilisations autres que la mienne, afin que l’ensemble de ces communautés se sente plus à l’aise dans mon pays, comme chez elles. Je gomme d’ailleurs tous les aspects de ma propre histoire qui pourraient les choquer, voire même j’anticipe leurs désirs en réécrivant une histoire qui aille dans leur sens. Je suis couronné d’un grand sens de l’humanisme et de l’ouverture aux autres, qui me confère une supériorité intellectuelle et morale sur mes détracteurs.

Responsabilité :
Je comprends que ma réforme aura l’effet exactement inverse de celui souhaité. Les fondements de l’excellence sont et resteront toujours les mêmes : maîtrise du langage, structuration de la pensée, capacité à percevoir les nuances et les éléments différenciants d’un discours. Ces fondamentaux étant intangibles, si mon enseignement ne les dispense pas, seuls ceux qui sont nés dans des familles favorisées y auront accès, par la transmission de classe sociale et par l’inscription dans des écoles privées onéreuses qui elles, le dispenseront. J’admets que lorsque l’école de la république dispensait ces fondamentaux, beaucoup plus d’enfants de classes sociales défavorisées atteignaient un meilleur statut à l’âge adulte par leur travail et par leur mérite, ce que les statistiques de mobilité sociale prouvent maintenant depuis des dizaines d’années d’un ascenseur social tombé en panne.

Je cesse de faire passer pour de l’humanisme et de l’ouverture ce qui n’est que de la lâcheté, de céder à l’intimidation et à la pression de communautés qui n’ont connu que la loi des caïds et qui veulent modeler la société sur ces seuls rapports de force. Je comprends que c’est par manque de cran et de fermeté que je n’ai pas défendu à chaque instant les règles de ma république en faisant que force reste à la loi. Je cesse de considérer comme parties intégrantes de la mienne des civilisations qui sont autres, uniquement pour acheter une fausse paix et un faux calme fondés sur la démission.

Je me remémore qu’il y a 30 ans dans mon pays, l’on pouvait parfaitement enseigner l’Islam dans mes cours d’histoire, non comme une partie de ma propre histoire, mais comme une civilisation autre. Cela n’empêchait nullement d’enseigner tout ce que cette civilisation eut de brillant, de Saladin à Averroès, et cela avait beaucoup plus de chances de mettre à l’aise des communautés en mal de reconnaissance, en montrant l’apport de leur civilisation tout en rappelant qu’elle n’était pas celle du pays qui les accueillait.

J’admets que les communautés auxquelles j’essaie de plaire et devant lesquelles je m’aplatis lâchement ne connaissent d’ailleurs rien à Saladin ou Averroès, mais seulement la loi des caïds et des gangs, un Islam rapide et mal digéré sur internet, une série de prêches par des prédicateurs obscurantistes et arriérés, beaucoup plus ignares en sciences et en connaissances générales que leurs prédécesseurs d’il y a 10 siècles, et que céder devant eux pour les amadouer ne fera que les exciter davantage à faire régner leur loi. Je comprends en définitive que l’on ne redonne pas confiance aux autres cultures en niant et en anéantissant la sienne, et que seule l’affirmation de ses propres valeurs permet de rentrer dans un dialogue fécond et sincère, n’excluant pas la critique féroce. Faute de quoi, le dialogue maîtrisé cédera la place au rapport de force et à l’intimidation territoriale.


Conviction :
Je suis haut fonctionnaire du ministère des finances de Bercy. Ici s’élabore l’alchimie des règles économiques et financières de la nation, que toutes les entreprises se doivent de suivre et que le commun des mortels ne peut appréhender : il faut une formation particulièrement élevée pour les concevoir et les édicter. Je jongle avec habileté entre les subtils équilibres économiques et les leviers de prestations sociales de l’Etat, en un mot je suis le démiurge de l’activité économique, qui trace jusqu’aux possibilités données aux entreprises de mon pays : je suis quelque part l’un de leurs maîtres.

Responsabilité :
Je vois clair en moi et en mon institution : je sais que les entreprises croulent sous une inflation réglementaire délirante, que moi-même je ne suis plus capable de maîtriser, notamment parce que ces règles changent tous les mois. J’identifie cette inflation réglementaire comme le problème n°1 de la création d’entreprises et de l’entreprenariat en général, non une question de cadeaux fiscaux ou d’argent à injecter. Je reconnais le schéma humain et psychologique de toute bureaucratie : la génération sans fin de règles qui permet de justifier son activité, de se sentir exister, indépendamment de toute utilité, en pur circuit fermé. J’admets que cette inflation de règles n’est là que pour conforter le pouvoir de roitelets auto-proclamés dans mon ministère pléthorique, et que l’essentiel de leur travail est d’édicter de nouvelles règles pour s’affirmer face aux autres départements, en ayant totalement perdu de vue l’intérêt économique en dehors du ministère. J’accepte de ne pas me voiler la face et de constater que ce sont dans ces départements qui génèrent et justifient leur propre activité de façon artificielle que l’on trouvera le plus de népotisme, de maîtresses placées à des postes clés, voire de franche corruption, comme effets colatéraux inévitables de toute bureaucratie : le désoeuvrement égotiste qui se fait passer pour de l’activité engendre toujours de tels monstres.

Je comprends que le seul remède pour en sortir est d’appliquer un principe de pollueur – payeur : que celui qui a édicté une nouvelle règle sera responsable de réaliser lui-même toutes les démarches qu’il a imposées au lieu de se contenter d’en surveiller l’application par les forces vives de l’économie. J’inclus comme indicateur de résultat et d’activité non le nombre de règles édictées à l’année mais le nombre de démarches effectuées à la place d’entreprises pour les aider. Je comprends qu’en application de ce principe, l’inflation de règlements se dégonflera très vite.


Conviction :
Je promeus une réforme écologique bannissant en pratique les voitures de la capitale, en interdisant certaines motorisations, rendant de nombreuses voies impraticables, limitant la vitesse à des allures qui ne peuvent plus être celle d’une automobile. J’inscris mon nom au firmament de ceux qui ont lutté contre la pollution, rendu la ville plus verte et moins stressante, développé un humanisme de la nature que je chante à travers de nombreuses références culturelles.

Responsabilité :
Je m’aperçois qu’en dehors d’une toute petite caste de privilégiés intra-muros qui peut se permettre de faibles déplacements dans la journée, j’ai accru considérablement le stress et la fatigue d’une très grande majorité de mes concitoyens, qui n’en peuvent plus de jongler entre leurs contraintes professionnelles et personnelles. Je me rends compte qu’existe un monde où les gens vont au travail, se déplacent éventuellement entre plusieurs sites, accompagnent et vont chercher leurs enfants à l’école, vont faire leurs courses.

Je vois qu’au lieu d’essayer de supprimer les voitures, ce qui est irréaliste économiquement et dans la vie quotidienne, je fais un acte écologique cent fois plus efficace en élargissant les voies rapides et en les aménageant pour en fluidifier le trafic. Je tiens compte des rapports qui existent depuis des années montrant que les embouteillages quotidiens de l’A86 en île de France coûtent plusieurs milliards d’euros par an de carburant parti en fumée et d’heures non travaillées, génèrent une pollution sans commune mesure avec la circulation courante dans Paris intra-muros, pèsent sur la santé et le moral de mes concitoyens par le stress engendré. Je prends des mesures énergiques de construction et d’aménagement de ces axes routiers, actuellement réduits parfois à deux voire une voie à certains endroits, ce qui est beaucoup moins « hype » que de communiquer sur une ville verte, mais d’une bien plus grande efficacité écologique.

J’admets que mes projets partant en guerre contre la présence de voitures en ville étaient mus essentiellement par la valorisation de mon image personnelle et par l’entretien de bonnes relations avec la petite caste qui m’entoure, vivant dans des conditions privilégiées leur permettant de n’en avoir pas besoin. Je réinvestis les bénéfices considérables faits en réaménageant les axes qui portent l’essentiel du trafic quotidien des forces vives de ma région, pour aménager de nouveaux espaces verts dans la ville, en veillant à ce que piétons et automobilistes coexistent harmonieusement.


Conviction :
Je suis président d’un conseil général, d’un conseil départemental, ou d’une communauté de communes. Je permets de décentraliser l’état et de mettre en place une gestion plus proche de mes concitoyens. Je romps avec la tradition jacobine et centralisatrice de la France, pour irriguer localement mon pays de nouvelles initiatives. Je suis un bienfaiteur de l’aménagement du territoire.

Responsabilité :
Je sais pertinemment qu’une grande partie de l’argent de la décentralisation est perdu en doublons entre régions et départements (18,5 Milliards d’euros), doublons permettant de « caser » des relations, de la famille ou des relations intimes (cf plus haut l’objectif de toute bureaucratie de se créer son propre travail). Je sais que les communautés de commune ont également permis de multiplier les postes honorifiques bien payés et en nécessitant pas trop de travail, la distribution de ces postes pouvant se faire entre amis.

J’ai un peu honte et je proteste lorsque je vois que la communauté d’agglomération de Seine Défense qui regroupe les communes de Puteaux et Courbevoie a nommé 14 vice-présidents sur 48 membres, et que je sais pertinemment que la loi prévoit une généreuse indemnité (2508 euros mensuels bruts) pour les vice-présidents et non pour les simples conseillers, me renseignant utilement sur les motivations de ceux qui ont fait don de leur personne au bien collectif.

Je sais pertinemment ce que signifie la multiplication de ronds-points de toute évidence inutiles en si grand nombre, aux abords d’une ville. De même que je n’ignore pas comment s’obtient la décision d’implantation d’un supermarché. Je cesse de minimiser le pouvoir local que l’argent de la décentralisation a permis, afin de se livrer à de petites affaires en cercle fermé. Je cherche à supprimer les doublons et à mettre fin aux pratiques de népotisme et de clientélisme. Je n’accuse pas de populisme ceux qui révèlent factuellement ces pratiques : il ne faut pas inverser les responsabilités et cesser les pratiques qui donnent prise aux soupçons et aux sentiments populistes.


Conviction :
En fidèle musulman, je soutiens la noble cause palestinienne. Je combats l’impérialisme américain et l’état d’Israël qu’il faut bien qualifier de fasciste et de colonialiste. Je prends la défense des opprimés, et je reviens à la source d’une pureté spirituelle que me donne ma croyance, face aux forces obscures du matérialisme et de la domination occidentale.

Responsabilité :
Je sais pertinemment que ce qui m’a poussé vers l’Islam n’est pas une recherche spirituelle, mais le sentiment évident que j’ai raté ma vie, que je suis un misérable « loser ». Je comprends que pour éviter de regarder cette vérité en face, mes insuffisances, ma paresse, ma lâcheté, je me suis construit un monde de fausses excuses, d’oppresseurs qui me servent de prétexte à ne pas prendre ma vie en main. Je comprends que j’ai d’abord passé mon temps à jalouser et envier ceux qui réussissaient par l’étude et le travail, et que cela m’a poussé vers les faux savoirs qui ne nécessitent aucune réflexion. Ensuite j’ai jalousé et envié les fausses réussites, celles des caïds de ma cité qui roulent dans de grosses cylindrées payées par l’argent de la drogue avec des filles à l’arrière, ce qui en dit long sur l’authenticité de ma recherche spirituelle. Je me suis tourné vers l’Islam seulement comme vers une consolation, et je comprends que les jeunes de ma cité qui ont choisi cette voie sont seulement des caïds qui n’ont pas réussi. Je ne vois d’ailleurs aucune contradiction à organiser des tournantes, des agressions et des trafics de drogue puis prier Allah un peu plus tard, ce qui révèle la nature de mes véritables objectifs initiaux.

Je parle de religion de paix mais j’ai une mentalité de seigneur de la guerre, de prédateur occupé à ses seuls jeux de territoire. Je dois cesser de jalouser mes sœurs musulmanes qui ont bien mieux réussi que moi, par le travail et par l’étude, et je comprends que si elles l’ont fait c’est pour éviter de terminer leur vie avec un misérable loser comme moi. Je cesse de maquiller mon aigreur et ma jalousie envers elle en les opprimant par des mariages forcés ou de la violence, que je fais passer pour des obligations de vertu.

J’arrête de me gaver de fausse religion en attrapant çà et là quelques immondices glanés sur internet. Je cesse, comme un toutou docile, d’employer le mot « sioniste » pour désigner un être imaginaire qui serait venu exiger des terres en brandissant ses textes sacrés comme un titre de propriété, porté par une soi-disant puissance financière et militaire considérable. J’ouvre de véritables livres d’histoire et je comprends que les sionistes étaient des survivants partis de rien, que ce mouvement était d’inspiration socialiste et laïque, que leur seule revendication était de vivre dignement, qu’ils montrèrent un formidable courage à se reconstruire et prendre leur vie en main lorsqu’ils étaient détruits, qu’ils ne se sont jamais réfugiés derrière de fausses excuses et que je devrais les prendre en exemple.

Je commence à comprendre la complexité extrême de ce conflit dans lequel les deux parties ont leurs raisons et dans lequel personne n’est immaculé. Je cesse de geindre et de trouver tous les prétextes possibles pour aller vers les solutions de facilité, les indignations qui me permettent de cacher mon absence de travail et d’exigence sur moi-même. Je cesse également de focaliser toute ma vie sur ce conflit comme prétexte à mes propres erreurs, surtout lorsqu’il a fait 8200 morts dans les quinze dernière années, tandis que de nombreux autres dans cette région ont décimé des centaines de milliers d’hommes en l’espace d’un an, souvent dans des conditions de cruauté incomparables pour les civils.

J’essaie de retrouver véritablement la voie de mes ancêtres. Ceux qui pendant quatre siècles – il y a longtemps - ont mené les arts et les sciences du monde civilisé. J’en profite, grâce à l’étude, pour mettre au placard tous mes complexes d’infériorité puisque je suis issu de cette brillante lignée, encore faut-il que je m’en montre digne … et il y a du travail. Je cesse de faire des héros de personnes qui massacrent des hommes désarmés, des femmes et des enfants. Je comprends que celui qui étudie, qui travaille et entreprend est infiniment plus courageux par l’empire qu’il a sur lui-même. Je me dis qu’il sera plus intelligent de développer mes entreprises et ma vie que de mener des combats de pacotille pour justifier mes échecs.


Conviction :
En tant que membre de la gauche progressiste, je soutiens la noble cause palestinienne. Je combats l’impérialisme américain et l’état d’Israël qu’il faut bien qualifier de fasciste et de colonialiste. Je prends la défense des opprimés, et je reviens à la source d’un combat politique que me donne mon engagement, face à l’oppression du matérialisme et de la domination occidentale (tiens cela me rappelle quelque chose, bis repetita placent, et je vais avoir des ennuis avec Najat).

Responsabilité :
Je n’ai jamais rien lu de sérieux sur le conflit israélo-palestinien à part quelques ouvrages orientés qui allaient tous dans le sens de ce que je pensais déjà, et je n’ai lu aucune thèse contradictoire. Il faut dire que j’ai horreur de la critique, et bien que je me présente comme aimant la discussion, je considère déjà détenir la vérité et le bien avant même d’avoir commencé.

Je soutiens de façon péremptoire que le sionisme est une revendication territoriale agressive fondée sur des droits religieux, je ne connais rien de ses origines pourtant socialistes et laïques, ni de sa première revendication de vivre dignement et libre sans être à la merci de n’importe quel arbitraire décidant d’un massacre. Je prends un ton hautain et ampoulé pour défendre mes thèses aberrantes, car je crois être quelqu’un de cultivé et j’aime me faire passer pour tel, tandis que je n’ai fait qu’absorber rapidement de la sous-littérature journalistique, à condition bien sûr qu’elle aille dans le sens de ce que je pensais.

Il faut dire que j’ai passé ma vie en impostures : dans tous les domaines, je n’ai jamais fait qu’effleurer les choses. Je choisis des professions dans lesquelles il est possible de louvoyer, de pêcher en eaux troubles, où l’on fait son métier de la superficialité et de l’apparence : j’affectionne les médias, la communication pour cette raison. Comme tous mes maîtres soixante-huitards, je revendique un primat de la pensée et de l’imagination, alors que je ne me suis finalement illustré que dans les domaines de l’apparence et du frivole sous des dehors d’engagement politique ou philosophique sérieux. Dès que je suis confronté à quelque chose qui nécessite un peu de profondeur, c’est-à-dire un véritable travail, austère, opiniâtre et sans apparence immédiate, je m’enfuis : je suis finalement un professionnel de la défausse et du survol qui se donne des airs d’intellectuel engagé.

J’aime me présenter comme « celui à qui on ne la fait pas », qui voit ce qui se trame derrière les choses, alors que je ne connais rien de la vie et que je ne suis même pas capable de commencer par la réalité qui se trouve sous mon nez. Il faut dire qu’analyser le réel nécessite un travail long et minutieux, je préfère donc le fuir en croyant en des complots imaginaires. Je me réfugie derrière ces prétendues oppressions cachées pour ne pas prendre moi-même de responsabilités et leur faire porter mes fautes. Je ne vois pas que si le monde moderne est plus que critiquable, il ne recèle aucun complot occulte : ses règles du jeu sont clairement affichées, et si je souhaite les critiquer, je ferais mieux de montrer par l’exemple d’une réalisation concrète comment vivre ou faire autrement.

Je suis finalement un enfant sur-gâté : je crache sur ce qui m’a permis de posséder un minimum de sens de l’analyse, et je gâche cette capacité en l’employant sur des idées faciles, superficielles et toutes faites. Je suis quelque part un petit con, qui n’a jamais rien accompli et qui demeure dans ses révoltes de pacotille pour ne pas avoir à affronter la réalité. Le révolté musulman dont il a été question précédemment passait aussi son temps à se mentir à lui-même, mais au moins avait-il l’excuse de n’avoir connu que la loi de la rue et des caïds. Mais moi, moi j’ai grandi dans un environnement protégé de tout cela, qui m’a instruit et aimé, et voici ce que j’en ai fait. J’aimerais pouvoir à nouveau me regarder dans la glace, mais je ne suis pas sûr que j’en serai digne un jour.


Conviction :
Je suis un haut dirigeant d’une entreprise du CAC 40. Je suis l’un des grands acteurs du monde économique. Je représente l’esprit d’entreprise, l’initiative économique. Je suis de ceux qui bâtissent le monde et le font aller de l’avant. Je représente également la vision stratégique de mon activité et je tutoie les grands politiques de ce monde.

Responsabilité :
Dans mon entreprise, je n’ai en fait jamais piloté un seul projet, jamais eu à mettre en œuvre ces milliers d’actions coordonnées nécessitant de connaître très bien le cœur de métier de mon entreprise, pour aboutir à un produit fini. Je me suis toujours débrouillé pour être dans ces postes où l’on juge du travail des autres sans jamais être jugé soi-même. Où l’on peut être soi-même très approximatif et brouillon, alors que l’on est implacable vis-à-vis des autres.

J’ai détourné à fond les possibilités de l’organisation matricielle en entreprise, en visant les postes hiérarchiques, mais jamais les postes de pilotage de grands projets : je pouvais prétendre être un homme de terrain en dirigeant un département, alors que je n’avais plus qu’à coordonner de loin des tâches assez simples de maintenance de systèmes existants et de contrôle budgétaire, et je faisais prendre tous les risques et toute la connaissance du métier par ceux qui étaient sur l’autre axe de l’organisation matricielle. Je me suis aperçu que bizarrement, l’on valorisait bien plus ces postes de contrôle à distance que ceux dans lesquels toutes les tâches risquées, difficiles et nécessitant la connaissance du métier interviennent.
  
J’ai vite repéré cette règle du jeu dans laquelle on peut faire porter les responsabilités aux autres pour s’attribuer leurs succès par la suite, et j’ai profité de l’aubaine. J’ai un bon ami qui atteint les mêmes niveaux que moi, qui a employé un autre moyen : il n’a jamais travaillé en entreprise, a navigué dans le monde politique au milieu des motions et des jeux d’appareil, puis s’est fait parachuter à la tête de sa compagnie actuelle, sans d’ailleurs rien connaître de son métier. Pas mal non plus.

Bien sûr, maintenant que je suis arrivé au sommet, on me tient pour responsable de ce que ma compagnie produit. Mais je me suis fait un véritable métier de savoir me défausser de mes responsabilités sur quelqu’un d’autre : j’ai bâti toute ma carrière comme cela. J’ai donc suffisamment de fusibles en réserve en cas de problème. Je sais pertinemment que n’importe quel directeur de projet opérationnel est bien plus compétent que moi, qu’il connaît tous les détails du cœur de métier de mon entreprise, alors que je n’ai fait que surfer dessus. Je sais également qu’il possède une vision stratégique bien meilleure que celle de n’importe quel membre de mon comité exécutif, car il connaît parfaitement nos produits et nos tendances de marché, tandis que mon entourage proche est du même bois que moi, entretenu de paroles creuses sur la vision stratégique sans que celle-ci soit illustrée par du contenu concret, de mensonges sur les indicateurs de résultats, d’accaparation du talent d’autrui.

J’envie secrètement le patron actuel d’Airbus, qui est un ovni parmi les gens de mon entourage, qui connaît parfaitement ses produits, s’investit au cœur de son métier en permanence, ne croit que les hommes de terrain et discute en permanence avec eux. Comme par hasard, on ne le voit que peu dans les médias, c’est un homme discret, humble et incroyablement efficace, c’est-à-dire le contraire de moi. Je sais que contrairement à lui, et malgré les titres que l’on me décerne je ne suis pas un entrepreneur, et que l’entreprise dont je suis à la tête ne tient que parce des hommes bien meilleurs que moi conçoivent et produisent aux échelons intermédiaires. Je rencontre ces hommes le plus rarement possible parce que leur compétence me fait peur, et que je crains qu’elle ne dévoile toujours crûment ma vacuité.

Parmi les gens de mon cercle, nous pourrions vendre des voitures, des produits financiers ou des savonnettes cela reviendrait exactement au même : nous n’avons plus que deux activités, la communication dans les média et la gestion de flux financiers abstraits. Nous ne voyons le cœur de métier de notre entreprise qu’à distance, et mes visites dans les usines ne sont que des éclairs médiatisés, dont le parcours balisé a été préparé bien à l’avance. J’ai toujours la sensation d’être un imposteur, et lorsque je suis invité par « Les Echos » ou d’autres à des événements célébrant la réussite et l’esprit d’entreprise, je sais pertinemment que les seuls vrais entrepreneurs sont ceux qui ont monté leur société en partant de rien, ou ces hommes bien meilleurs que moi dans les échelons intermédiaires qui se sont débrouillés pour monter une petite entreprise dans la grande, en étant très respectés de leur entourage.

Enfin je tiens sans cesse un discours sur la prise de risque, l’effort, le mérite. Mais parallèlement, je double mon salaire régulièrement en ne laissant presque rien à mes employés, et de retraites chapeau en jetons de présence … des risques je n’en prends aucun et les fait prendre par d’autres. Mes doublements de salaire n’ont plus rien à voir avec le mérite, les hommes véritablement méritants ayant bien plus le sens des proportions.

Je sais bien ce qu’il faudrait faire. Je devrais récompenser davantage ceux qui font aboutir les projets clés de mon entreprise, plutôt que ceux qui les jugent en permanence et s’approprient leur travail. Je devrais m’entourer de ces véritables hommes de terrain, en court-circuitant la hiérarchie que j’ai installée et qui me filtre leurs messages, et en faisant comprendre que je les considère comme mes égaux par leur compétence au-delà des titres. Mais j’ai du mal. Parce qu’il faudrait m’investir réellement dans la connaissance de mon cœur de métier et de façon non superficielle, non celle que je sers en synthèse aux journalistes. Et puis ces hommes bien plus compétents que moi, ils me font peur.


Conviction :
Je suis trader d’une grande banque d’affaires, au cœur de l’une des places financières majeures du globe. Je représente le summum de l’économie et des affaires, et le 1er ministre français est allé jusqu’à faire allégeance à nous en déclarant « I love business ». L’économie mondiale et les états doivent tenir compte de nos décisions, et nous sommes au cœur de la prospérité économique. Notre métier et notre savoir sont réservés à une élite capable d’en comprendre les fins ressorts. Juste contrepartie d’un pouvoir d’influence aussi important.

Responsabilité :
Je le sais pertinemment, la santé économique des entreprises et les cours de la bourse n’ont absolument plus rien à voir. Nous sommes devenus un secteur fermé qui n’obéit plus qu’à sa logique propre, qui provoque en revanche de grands dégâts réels lorsqu’il chute. Je tiens un discours de prise de risque et d’audace, mais je me suis débrouillé pour n’en prendre finalement aucun : ce sont tous les particuliers de l’économie réelle qui épongeront les dégâts provoqués par mes acrobaties sur leur propre épargne et non moi. J’ai même fait valider cette règle par le FMI, un raffinement depuis 2008.

Je me justifie à chaque crise en disant que mon univers est extrêmement complexe, que les lois mathématiques de mes modèles ne sont plus celles des gaussiennes mais suivent un modèle chaotique ou fractal. J’ai de plus en plus de peine à cacher que ces modèles mathématiques ne sont plus qu’un habillage externe, mais que les leviers de nos actions sont beaucoup plus basiques et primaires. L’affaire Madoff en a titillé plus d’un, parce que l’on a bien vu qu’il ne s’agissait pas du tout de Black&Scholes contre Mandelbrot, mais d’une bonne grosse arnaque vieille comme le monde, ce que l’on appelle un schéma de Ponzi ou plus trivialement une « cavalerie ». Et que les modèles mathématiques complexes n’étaient plus qu’un artifice pour éloigner les gêneurs. 

Je me réfugie derrière la rationalité, en disant qu’il n’y a rien de plus rationnel qu’une salle de marché. Mais je sais très bien que rationalité et éthique n’ont rien à voir. Le grand Stanley Kubrick était visionnaire : lorsque l’ordinateur de « 2001 » devient fou, il garde en revanche toute sa rationalité. Il calcule toujours à la perfection, mais ses buts ont changé pour servir sa mégalomanie et sa démence, qui mène tout l’équipage à une mort certaine, le facteur humain devenant une imperfection gênante à éradiquer. Les ordinateurs fous du THF (Trading Haute Fréquence) ressemblent de plus en plus au « HAL » de 2001, et nous mènent à la même trajectoire mortelle.

Depuis 2011, je sais que nous sommes sous perfusion d’une drogue en permanence, du nom ampoulé de « quantitative easing », qui donne une apparence de sérieux et de professionnalisme. Vulgairement mais véridiquement, ce n’est qu’une création monétaire ex-nihilo, un bête fonctionnement de la planche à billets, qui fausse les mécanismes de marché : lorsque les nouvelles sont bonnes le marché monte, lorsqu’elles sont mauvaises il monte aussi, car cela signifie que les banques centrales vont continuer de nous abreuver d’une bonne grosse dose de shoot monétaire. En clair, les marchés ne sont plus efficients, ce qui est contraire aux fondamentaux de l’économie les plus élémentaires, appris en première année de n’importe quelle école de commerce. Je sais pertinemment que cet interventionnisme monétaire initié par la FED et relayé par la BCE est un cas d’école de bulle, et qu’il va mener à une crise à côté de laquelle celle de 2008 sera une aimable plaisanterie. Mais je suis couvert … par les millions voire les milliards de personnes qui travaillent réellement et qui payeront pour moi : je suis gagnant sur tous les tableaux.

Le pire est que lorsqu’un pays est en crise, ce sont des gens de mon style que l’on appelle pour donner des leçons de rigueur, d’austérité et de professionnalisme budgétaire alors que n’importe quel pays qui montrerait le dixième de notre irresponsabilité serait en banqueroute depuis longtemps : lorsque je vois mes collègues de la Troïka, j’ai l’impression de déments habillés de complets vestons austères, d’irresponsables totaux donnant de surcroit des leçons de responsabilité.

Pour cette raison, le « I love business » prononcé au cœur de la City par un 1er ministre qui n’y connaît rien en économie est d’une indécence rare : s’il y a bien un lieu où l’esprit d’entreprise – le vrai - a complètement déserté, c’est celui de la City ou de Wall-Street. Si Manuel Valls l’avait prononcé dans une usine de pointe, une start-up californienne, hong-kongaise … ou française, ou dans une agence de marketing desservant de nombreux pays, il aurait touché 100 fois plus juste. Je sais être de plus en plus un usurpateur à prétendre ainsi représenter la pointe de l’économie.

J’ai tellement habitué l’environnement politique et économique à penser que mes actions démentes sont normales et bénéfiques, que même les raisonnements du plus simple bon sens échappent à tous. Par exemple lorsqu’une invention telle que le CDS (Credit Default Swap) sort sur le marché, et que si l’on en écarte les fioritures, l’on comprend qu’elle consiste à souscrire une assurance non pas sur ma maison mais sur celle de mon voisin, le fait que sa conséquence immédiate et logique sera de me tenter très fortement de mettre le feu à la maison de mon voisin est balayée d’un revers de main. Et que lorsque j’étends cette merveilleuse invention à des paris spéculatifs sur la dette des états, je vais être amené à torpiller sur une grande échelle la croissance et l’économie réelles. Je suis parvenu à créer un monde où les déments, les pompiers pyromanes et les psychopathes disent ce qui est raisonnable, et peuvent donner des leçons de comportement au solide bon sens.

Je sais ce que devrait être le vrai métier de financier, qui avait court il y a longtemps. Qu’un banquier est un professionnel du risque a priori, et un assureur un professionnel du risque a posteriori. Mais que ni l’un ni l’autre n’exercent plus leur métier : ils n’évaluent plus le risque qu’en surface, et préfèrent mettre en place un dispositif où leurs erreurs sont toujours payées par d’autres, où eux-mêmes n’auront plus à supporter aucun risque. Le banquier, lorsqu’il exerçait autrefois un métier noble, était l’utile auxiliaire de l’entrepreneur qu’il aidait à passer les obstacles difficiles et dont il partageait les risques. Joseph Schumpeter, toujours lui, avait bien compris ce rôle qui nous était assigné. Mais par mégalomanie, nous n’avons pas pu accepter ce rôle d’auxiliaire des véritables pilotes de l’économie, voulant nous-mêmes en prendre les commandes. C’est ainsi que nous avons créé un capitalisme d’actionnaires en lieu et place du capitalisme d’entreprenariat, tuant la croissance et l’initiative, créant un monde de faussaires et de récupérateurs en lieu et place de véritables créateurs d’entreprise. Toutes les grandes réussites économiques des dernières années ont été faites a contrario de ce que nous faisons, et je le sais pertinemment.

Pour prolonger ma mascarade, j’aime apparaître comme le parangon du sérieux. Tout le monde connaît cependant ma double face de Janus, de Dr Jekyll et Mr Hyde, de gestionnaire rigoureux et de flambeur par derrière, de triste drogué à la coke, à l’alcool ou aux filles faciles. J’aime jouer de cette ambiguïté qui en intimide plus d’un dans la société, et je les assortis de postures viriles. Mais bien sûr lorsque je rencontre un homme de fond, de ceux qui exercent l’un de ces arts de la puissance maîtrisée, notamment de ceux qui travaillent dans l’industrie et pilotent des centaines de personnes pour la réalisation d’un produit complexe et réel, je me liquéfie. Leur regard me fait tellement comprendre que je ne vaux rien. J’ai l’impression d’être une petite frappe devant un guerrier aguerri.

De toutes les manières je dois avoir un problème : des études médicales et neurologiques ont montré que je ne pouvais pas me satisfaire de mon propre bonheur, que si d’autres avaient réalisé des accomplissements comparables, j’étais malheureux. Je ne suis satisfait que si en plus d’avoir atteint mes buts, les autres sont enfoncés, un peu comme si en ayant une belle voiture, je ne serais satisfait qu’en ayant de surcroît démoli au maillet toutes les autres voitures comparables à la mienne. Les mêmes études médicales montrent qu’il s’agit de la structure mentale des psychopathes et des serial-killer. En un mot je suis un sale petit con destructeur et je me fais passer pour un combattant d’élite des enjeux économiques, à l’aide de mes costumes trois pièces gris et de mes formules mathématiques comme cache-misère. C’est un signe, beaucoup de mes collègues finissent par se reconvertir dans l’humanitaire, comme pour chercher une rédemption. J’aimerais pouvoir à nouveau me regarder dans la glace, mais je ne suis pas sûr que j’en serai digne un jour (bis repetita placent).


Conviction :
J’ai repéré que l’attachement à la France et à ses symboles était suspect. J’exhorte à sortir de cette vision étroite qui nous éloigne de l’ouverture aux autres, et je fais apparaître le côté rance et réactionnaire du patriotisme. Je montre qu’il génère philosophiquement toutes les formes de racisme et de haine de l’autre, et j’encourage à abandonner tous ces vieux oripeaux pour nous ouvrir sur le monde et former une culture mondiale. Je m’inscris de la sorte parmi les grandes pensées humanistes.

Responsabilité :
Parce que des extrémistes se réclament du patriotisme, j’en déduis que si l’on est patriote on est extrémiste : je me prétends philosophe, mais j’aligne constamment des sophismes. En me lisant, on considérerait que quelqu’un qui dit aimer le camembert est probablement fasciste. Mais il est vrai que je ne m’embarrasse pas de raisonnements, cela est si fatigant et réclame tant de travail. Je préfère produire spontanément des associations d’idées, trouver des ressemblances selon mon humeur du moment, et j’en fais des livres. Qu’importe que ces ressemblances soient de pures apparences, elles me permettent de catégoriser le monde de façon manichéenne et de me donner le beau rôle. Je ne sais pas penser un véritable concept, on me l’a souvent reproché, car je ne fais que ressasser de façon narcissique mes impressions personnelles. J’ai peur de la raison et de sa force de dévoilement, que je nomme totalitaire, mais probablement parce que la première chose qu’elle risque de dévoiler est ma vacuité et mon incompétence.

Lorsque la violence arbitraire et barbare éclate, que la loi des caïds prend le pas sur le droit, je redécouvre tout à coup des valeurs telles que la république, la laïcité, l’emploi légitime de la force lorsque la nation est menacée. Et je me drape dans ces valeurs forgées par mon pays, en me faisant passer pour leur héraut, tandis que je ne les ai adoptées à nouveau que depuis trois jours. Mais je n’en suis pas à une contradiction près : je n’ai fait, toute ma vie, que flairer la tendance du moment au lieu de penser.

J’ai trouvé intelligent d’opposer la nation et la république avec les sentiments de liberté et d’universalité. Lorsque je m’aperçois que mes ancêtres recherchaient précisément la liberté et l’universalité avec la façon dont ils ont fondé la nation, il est trop tard. Mon règne de l’ouverture universelle et de la mondialisation heureuse n’a nullement engendré une grande fraternité mais la loi du plus fort, des gangs et des caïds étendue à l’échelle mondiale, et ceci depuis la rue jusqu’aux cols blancs. De surcroît, en remplaçant les règles conscientes, publiques et démocratiques de la loi par les jeux de pouvoir entre communautarismes, les pires formes de racisme et d’antisémitisme ont fait leur retour. Et mes livres irresponsables y ont contribué en grande partie.

J’ai ignoré des lois élémentaires de la nature humaine, et j’ai transformé le globe en vaste Disneyland philosophique peuplé de bons et de méchants en lieu et place de réflexion. J’ai ignoré, par manque de connaissance historique, que les grands universalistes et les vrais altruistes étaient toujours des personnes très ancrées dans leur culture, leur pays et leur lignée historique : loin de les fermer aux autres, cela leur permettait d’autant mieux de s’élancer vers l’altérité pour la découvrir et dialoguer avec elle.

Je suis souvent opposé au petit con gauchiste pro-palestinien décrit précédemment, mais finalement je lui ressemble beaucoup, au-delà de l’opposition des thèses. Je passe mon temps en approximations de pensée, en impressions personnelle que je fais passer pour des thèses, en connaissances rapides et mal digérées et j’adore surtout faire parler de moi : ma posture est finalement la seule chose qui m’intéresse. Je joue aux apprentis sorciers avec les idées, je ne sais raisonner qu’en grandes oppositions caricaturales, en n’oubliant pas de retourner ma veste régulièrement car le vent tourne …


Tous mes remerciements aux grands Max Weber et Joseph Schumpeter.

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